Mali : Le groupe jihadiste Ansar Dine revendique une attaque meurtrière à Kidal

L’accord d’Alger, signé en juin dernier par les autorités maliennes et les indépendantistes Touareg de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), est une étape nécessaire – mais probablement pas suffisante – pour régler la crise malienne, laquelle a favorisé, dans le nord du pays, l’expansion de plusieurs groupes jihadistes, finalement chassés de leurs sanctuaires par l’opération française Serval.

Cependant, certains ne voient pas cet accord d’un très bon oeil. À commencer par Ilyad Ag Ghali, le chef du groupe jihadiste Ansar Dine, surtout présent dans la région de Kidal. En 2012, ce dernier s’était allié avec al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) pour s’emparer du Nord-Mali (l’Azawad), avec le concours des indépendantistes Touregs qui, dans cette histoire, furent les dindons de la farce.

Dans un enregistrement sonore diffusé en novembre et qui lui a été attribué, Ilyad Ag Ghali a une nouvelle fois dénoncé l’accord d’Alger et appelé à combattre la France. Mais c’est la Coordination des mouvements de l’Azawad qui a été visée, le 24 décembre, par les jihadistes d’Ansar Dine, dans la région de Kidal.

« Les terroristes ont attaqué jeudi une de nos positions dans la région de Kidal, vers la frontière algérienne. Six de nos combattants ont été tués », a ainsi affirmé Moussa Ag Tinflou, un membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dont certains sont des transfuges d’Ansar Dine (notamment parmi les membres du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad).

« L’attaque a été menée par des combattants du mouvement Ansar Dine du Touareg Iyad Ag Ghaly qui n’a pas du tout apprécié la signature de l’accord de paix par les mouvements de la CMA », ses anciens alliés, a estimé, peu après, selon l’AFP, une source de sécurité au sein de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA).

Le fait est. Deux jours plus tard, Ansar Dine a revendiqué cette attaque contre la base de la CMA située à la base de Telhandok, à la frontière entre le Mali et l’Algérie, via un communiqué diffusé par l’agence de presse privée mauritanienne Al-Akhbar.

« Nos combattants ont visé particulièrement cette base » commandée par un « traître » qui « dirige ce qu’on appelle les ‘cellules de la sécurité intérieure’ financées par la France dans le nord-mali pour combattre l’islam et les musulmans et répandre le mal sur terre », a affirmé Ansar Dine dans son communiqué. Cette attaque a « permis de libérer des prisonniers parmi les moujahidine et de mettre la main sur les véhicules et armements disponibles dans la base », a-t-il ajouté.

Pour le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ce type d’attaque ne doit « pas faire oublier l’essentiel ». « Mous sommes parvenus à neutraliser en grande partie les groupes terroristes. Barkhane a pour rôle d’éviter la reconstitution de leur puissance, dans un contexte de grande fragilité de la Libye », a-t-il récemment affirmé lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées.

« Nous poursuivons la traque de Mokhtar Belmokhtar. Le groupe Ansar Dine, dont le chef est Iyad Ag Ghali, subsiste également. Globalement, nous avons bien progressé. Notre vigilance reste toutefois intacte. Dans le Sud du Mali, s’organise actuellement un groupe lié à Al Qaïda, le front de libération du Macina, qui rassemble des Peuls et a commis quelques opérations aux frontières avec le Niger et avec le Burkina Faso », a-t-il expliqué en évoquant l’opération Barkhane.

« Dans ce contexte, nous devons maintenir la pression (…). Il faut également orienter l’action de la mission European Union Training Mission in Mali (EUTM Mali) vers l’application des aspects militaires des accords d’Alger et de Bamako, qui se traduisent déjà de manière remarquable par des patrouilles armées communes entre les groupes signataires de ces accords et l’armée malienne. Il convient de mener à bien le processus de désarmement et de réintégration au sein de l’armée régulière malienne », a-t-il ajouté.

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