Pour son chef, la gendarmerie ne risque pas de perdre son identité militaire

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Force militaire depuis plus de 800 ans, la Gendarmerie nationale est passée sous l’autorité du ministère de l’Intérieur en 2009 avec l’idée de rationaliser les moyens en matière de sécurité intérieure tout en gagnant en efficacité.

La tutelle exercée par le ministère de l’Intérieur sur deux forces de sécurité, civile (police nationale) et militaire, a toujours suscité des interrogations sur une possible évolution du statut des gendarmes.

Si la police et la gendarmerie peuvent travailler ensemble, il n’en reste pas moins que ces deux forces de sécurité ne partagent pas le même mode de fonctionnement ni la même organisation (horizontale pour la première, verticale pour la seconde), en raison notamment de la différence de statut de leurs personnels respectifs.

« Quelles seront les conséquences de ce rattachement sur la préservation du statut militaire, dès lors que les gendarmes et les policiers coexisteront au sein d’un même ministère? Ne risque-t-on pas d’assister à des revendications accrues, tant de la part des syndicats de policiers, que de la part des gendarmes, conduisant à terme à un alignement progressif de leurs statuts, voire à une fusion de la police et de la gendarmerie? »,  demandait le sénateur Jean Faure, auteur d’un rapport sur ce sujet en 2008.

La question a été une nouvelle fois mise sur le tapis lors de l’audition du général Denis Favier, le directeur de la Gendarmerie nationale (DGGN) par les députés de la commission de la Défense.

« Il y a une ‘spécificité gendarmique’, eu égard aux défis que nous devons relever aujourd’hui. La gendarmerie (…) qui présentait (…) une dualité organique de force militaire et de force publique : force militaire en ce qu’elle assurait à la fois les missions d’une police militaire et la défense du territoire national; force publique au travers de sa force de contrainte, de son activité policière et de sa participation au maintien de l’ordre », a ainsi commencé par rappeler le député David Comet.

Fort de ce constat, le parlementaire a donc demandé au général Favier son point de vue sur « la nécessité d’éviter, à terme, un processus de fusion des forces gendarmiques et policières ».

Mais pour le DGGN, il n’y a aucun risque de voir la gendarmerie perdre sa « militarité », laquelle a même été renforcée, selon lui, depuis son rattachement au ministère de l’Intérieur.

« La gendarmerie a vraiment affirmé au sein du ministère de l’Intérieur, peut-être par une forme de réflexe identitaire, son statut militaire », a avancé le général Favier, qui ne croit absolument pas à une fusion future avec la police nationale.

« Tous les jours, je suis en contact avec le ministre de l’Intérieur et tous les jours il se loue des services de la gendarmerie », a-t-il dit.

« Dans une affaire comme le crash de la Germanwings, il faut un corps militaire capable de s’engager jour et nuit dans une zone hostile afin d’aller rechercher les victimes. Dans le cadre des attaques terroristes du début de l’année, une force militaire est très bien adaptée pour conduire un contrôle de zone sur une vaste étendue de jour comme de nuit. Cela correspond bien à nos capacités, et à notre vocation », a fait valoir le général Favier.

« La pérennité de la gendarmerie sous statut militaire est une garantie pour les gouvernements de disposer d’une force capable d’être engagée dans des conditions très dégradées. Il ne me semble pas possible que cela soit contesté », a encore conclu le DGGN.

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