La marine britannique admet avoir failli couler un chalutier

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L’incident rappelle la thèse des familles de l’équipage du chalutier « Bugaled Breizh », coulé au large du cap Lizard en janvier 2004. En avril dernier, Paul Murphy, eut la frayeur de sa vie quand son bateau de pêche, le « Karen », fut entraîné par l’arrière à une vitesse de 10 nœud alors qu’il naviguait au large de l’île de Man.

Quand l’équipage comprit ce qu’il se passait, il libéra immédiatement le chalut qu’il avait mis à l’eau. Le « Karen » put ensuite rejoindre son port d’origine, à Ardglass (Irlande du Nord). Les dégâts causés au bateau (coque éraflée, câbles endommagés, filets perdus) furent estimés à plusieurs dizaine de milliers de livres sterling.

Entraîner un chalutier avec une telle force ne peut être que le fait d’un sous-marin. En outre, il s’agissait du second incident de cette nature en quelques semaines. Un mois plus tôt, le capitaine de l’Aquarius, un chalutier écossais, avait connu la même mésaventure alors qu’il pêchait la lotte au large des Hébrides. Et un porte-parole de la Royal Navy affirma qu’il n’y avait aucune activité sous-marine britannique ou de l’Otan dans le secteur au moment des faits.

S’agissant du Karen, le ministère britannique de la Défense (MoD) n’avait pas souhaité faire de commentaires, expliquant qu’il n’avait pas à communiquer sur l’activité des sous-marins de la Royal Navy pour des « raisons de sécurité ».

Mais la presse d’outre-Manche ne tarda pas à y voir la responsabilité d’un sous-marin russe dans cet incident, la base de Faslane, qui abrite notamment les SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) britannique, se trouvant plus au nord. L’hypothèse d’une telle implication  fut même avancée de bonne foi par Dick James, le président de la Nothern Ireland Fish Producers.

« Vous ne pouvez pas toujours éviter ce type d’incident. Mais quand il y a un qui se produit, les procédures de la Royal Navy disent que le sous-marin doit immédiatement faire surface pour vérifier la santé de l’équipage du navire » éperonné, avait-il dit. Or, celui qui a entraîné le Karen ne l’a pas fait. Donc, « il est possible que ce soit un sous-marin russe », avait-il estimé dans les colonnes du Daily Mirror.

Il aura fallu attendre plus de 4 mois pour avoir le fin mot de l’histoire. Minitre délégué aux forces armées, Mme Penny Mordaunt a reconnu, le 7 septembre, qu’un sous-marin de la Royal était bel et bien impliqué dans l’affaire du chalutier nord-irlandais.

« La Royal Navy confirme qu’un de ses sous-marins a été responsable de l’accrochage des filets du Karen. L’incident, le retard dans l’identification, le traitement des événements ce jour-là et leurs conséquences sont profondément regrettés », a ainsi indiqué Mme Mordaunt dans une déclaration écrite adressée au Parlement britannique.

« La politique du ministère de la Défense exige de ne pas commenter en détail les opérations sous-marines mais, exceptionnellement, je peux dire que cet incident a eu lieu parce que le sous-marin n’a pas identifé correctement le Karen comme un navire de pêche avec des filets dans l’eau », a expliqué Mme Mordaunt.

Apparemment, le submersible concerné ne serait pas rendu compte de l’incident, ce qui expliquerait la raison pour laquelle il n’a pas fait surface après avoir accroché le chalut du Karen.

Selon M. Mordaunt, l’affaire du Karen est la première du genre impliquant un sous-marin britannique depuis l’adoption, par la Royal Navy, de procédures spécifiques de navigation près des côtes. Ce qui laisse en suspens une question : quel submersible a manqué d’envoyer l’Aquarius par le fond?

Photo : Le SNA « Astute » (c) Royal Navy

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