Rafale : L’Inde met la pression sur la France en évoquant l’achat d’avions SU-30 MKI supplémentaires

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En janvier 2012, le Rafale de Dassault Aviation remportait l’appel d’offres indien MMRCA (Medium Multi-Role Combat Aircraft), visant à acquérir 126 avions de combat multi-rôles afin de moderniser les capacités de l’Indian Air Force. Restait alors à s’entendre sur les modalités de la commande, sachant que New Delhi veut que 108 appareils soient assemblés en Inde, avec des transferts de technologie à la clé.

De telles discussions sont évidemment compliquées (il ne s’agit pas de vendre de la rayonne)… et prennent du temps, en raison des procédures indiennes. Qui plus est, certains font tout pour faire capoter les négociations, comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui n’ont pas digéré la défaite de l’Eurofighter Typhoon face au Rafale. Ou encore de la Russie, qui ne manque pas une occasion de critiquer l’appel d’offres MMRCA pour mieux placer ses pions (SU-30 et avion dit de 5e génération T-50 PAK/FA).

Toutefois, des accords sur le montage industriel ont pu être trouvés entre les parties françaises et indiennes et les négociations sont maintenant dans la dernière ligne droite. Chez Dassault, l’on se disait optimiste à l’automne dernier : le contrat pouvait être signé d’ici mars prochain, c’est à dire avant la fin de l’année fiscale indienne. Et cela d’autant plus que, en septembre,  le général Arup Raha, chef d’état-major de l’Indian Air Force (IAF), avait affirmé son souhait de voir ce dossier être bouclé au plus vite.

Seulement, les derniers détails du contrat (qui doit sont toujours les plus difficiles à résoudre. Et, pour le moment, les discussions sont bloquées. Apparemment, le constructeur français ne voudrait pas assumer la responsabilité (délais, dommages, etc) des Rafale assemblés par Hindustan Aeronautics Limited (HAL), l’avionneur indien.

En décembre, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, alors en visite à New Delhi, avaient assuré que « les deux gouvernements partageaient la volonté de conclure [les négociations] ». Et d’ajouter : « Plus vite le contrat sera finalisé et signé, plus vites les avions pourront sortir des lignes des sites de production en Inde ». De leur côté, les autorités indiennes firent savoir que « les désaccords seraient résolus de manière accélérée ». Une délégation française devrait se rendre en Inde, ce mois-ci, pour lever les derniers obstacles.

C’est donc dans ce contexte qu’il faut prendre les dernières déclarations du ministre indien de la Défense, Manohar Parrikar, telles qu’elles ont été rapportées cette semaine par la presse indienne (et russe). Ainsi, d’après le Business Standard, il a évoqué les points de blocage avec les négociateurs français – sans les préciser – avant d’estimer que l’Inde pourrait commander des chasseurs polyvalents SU-30 MKI supplémentaires (assemblés sous licence par HAL) dans le cas où il serait décidé de pas acheter le Rafale.

« Le Su-30MKI est un avion adéquat pour répondre aux besoins de la Force aérienne », a même affirmé M. Parrikar. Actuellement, les plans de l’IAF prévoient une dotation de 272 appareils de ce type. Pour rappel, la flotte de ces avions a été clouée au sol en octobre dernier, après un nouvel accident. Une décision alors  qualifiée de grave par l’Air Chief Marshal Fali Major, un ancien chef d’état-major de l’aviation indienne.

Pour l’IAF, il y a urgence. Selon un rapport du Comité parlementaire permanent de la Défense, le nombre de ses escadrons en ligne est tombé à 25 alors que pour les besoins de la stratégie indienne dite de « double front » (l’Inde a un oeil sur le Pakistan et la Chine), il lui en faudrait 45 au maximum.

En outre, 11 de ces escadrons, poursuit le document, sont dotés de MiG-21 et de MiG-27, deux types d’avions appelés à être retirés prochainement du service.  « Ainsi, la force aérienne sera réduite à seulement 11 escadrons d’ici 2024 », s’est inquiété le comité, qui a demandé au gouvernement de prendre rapidement des « mesures concrètes » pour régler cette question.

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