Armée de l’Air : Le projet Cognac 2016 retardé d’au moins un an

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Le projet Cognac 2016 est un majeur pour l’armée de l’Air, dans la mesure où il aura un effet structurant. De quoi s’agit-il? L’idée consiste à réunir sur la base aérienne 709 de Cognac la formation et l’entraînement différencié des pilotes de chasse avec l’objectif de permettre aux aviateurs de pouvoir répondre aux exigences opérationelles qui leur ont été fixées par le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) tout en réalisant des économies.

Ainsi, il est question de former un « second cercle » de 50 pilotes de chasse issus d’escadrons opérationnels appelés venir renforcer et soutenir les unités dites du « premier cercle ». Dans le cadre de Cognac 2016, ces derniers ne voleront plus que 40 heures sur avion de combat. En revanche, ils auront à effectuer 140 heures de vol en mission d’instruction sur un appareil d’entraînement, moins cher à mettre en oeuvre, et 40 heures sur simulateur de vol.

Selon le chef d’état-major de l’armée de l’Air, le général Denis Mercier, cette refonte de la formation des pilotes de chasse ainsi que cet entraînement « différencié » doit permettre de réaliser au moins 110 millions d’euros d’économies par an, notamment sur l’Entretien programmé des matériels (EPM) et les dépenses de carburants.

« Cela nous fait gagner beaucoup d’argent et de MCO [ndlr, maintien en condition opérationnelle], mais c’est aussi un moyen d’avoir des unités de première ligne parfaitement entraînées et un réservoir d’équipages capables d’assurer la capacité à durer », a-t-il résumé, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense.

Seulement, ce projet ne sera pas concrétisé en 2016, comme l’espérait le CEMAA. Car pour le mettre en pratique, il faut acquérir un avion d’entraînement – le général Mercier a une préférence pour un turbopropulseur – qui ait une avionique proche de celle du Rafale.

« Pour le projet Cognac 2016, un avion répond véritablement à nos besoins [ndlr, le Pilatus PC-21 semble tenir la corde], mais, comme il s’agit d’un appel d’offres, nous ne pouvons pas envisager qu’une seule piste », a expliqué le général Mercier. Un autre appareil pourrait convenir, s’il est prêt à temps : le M-345 HET (High Efficiency Trainer), un mono-réacteur du constructeur italien Alenia-Aermacchi, qui produit aussi l’avion d’entraînement M-346 Master.

Aussi, a poursuivi le CEMAA, « le décalage de la mise en œuvre du projet est lié à une sous-dotation dans la loi de programmation que nous n’avions pas identifiée » et « il a fallu trouver un mode de financement innovant ». D’après lui, le « ministère des Finances », qui « a bien compris l’économie du projet », lequel permettrait de fermer une plateforme aéronautique (celle de Tours), « nous a donc permis de recourir à un leasing de courte durée, de quatre à cinq ans, avec option d’achat ».

« Nous avons dû aussi motiver les acteurs concernés et, en cela aussi, l’appui du ministre a été extrêmement utile. Voilà pourquoi le lancement du projet a pris plus de temps que prévu. Aujourd’hui, je me bats pour qu’il puisse intervenir en 2017, et non en 2018 », a encore précisé le général Mercier.

En clair, chaque retard dans la mise en oeuvre de « Cognac 2016 » fait perdre de l’argent et « obère nos capacités d’entraînement », comme l’a souligné le CEMAA. « Vous comprendrez pourquoi je suis si attaché à ce projet qui nous permet de faire mieux à l’intérieur d’un budget contraint », a-t-il conclu.

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