Le président Hollande justifie la livraison d’armes françaises aux rebelles syriens
Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde (édition du 21/08), le président Hollande avait sous-entendu que la France avait livré des armes aux rebelles syriens. Lors d’un déplacement à La Réunion, ce 21 août, il a donné des explications à ce sujet.
Avant d’aller plus loin, il faut rappeler quelques éléments. La rébellion syrienne ne se limite pas aux jihadistes de l’État islamique (ex-État islamique en Irak et au Levant, EIIL) et à ceux du Front al-Nosra, proche d’al-Qaïda, comme certains peuvent le dire en prendant des raccourcis trop faciles. Au passage, il faut aussi préciser que le régime de Bachar el-Assad, soutenu par l’Iran, le Hezbollah libanais et des milices chiites irakiennes, a fait sortir de prison, en mai 2011, les futurs cadres de ces deux organisations… Mais passons.
Outre, donc, l’EI et le Front al-Nosra, qui s’affrontent entre eux, il y a l’Armée syrienne libre (ASL), formée par d’anciens militaires des forces armées syriennes et bras armé de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution (CNFOR). C’est cette organisation qui est reconnue par les Amis de la Syrie, un groupe formé par une centaine de pays arabes et occidentaux opposés au régime de Bachar al-Assad. Enfin, il y a également le Front islamique, créé en septembre 2013, qui rassemble les brigades rebelles favorables à l’instauration de la charia. Une unité de l’ASL l’a rejoint, ce qui a mis le trouble…
Quant aux livraisons d’armes, le président Hollande a précisé qu’elles ont été faites « il y a plusieurs mois », quand « des rebelles syriens (ndlr, donc ceux se réclamant du CNFOR) faisaient face à la fois aux armées du dictateur Bachar al-Assad et au comportement de ce groupe terroriste, l’État islamique ».
« On ne pouvait pas laisser les seuls Syriens qui préparaient la démocratie (…) être sans armes », a plaidé le locataire de l’Élysée. « Aujourd’hui encore, c’est terrible ce qui se passe en Syrie, avec d’un côté, l’Etat de Bachar al-Assad qui continue de pilonner et de massacrer, (de l’autre) l’Etat islamique et, au milieu, celles et ceux qui étaient supposés préparer l’avenir et qui sont pris en tenaille », a-t-il poursuvi. Et d’ajouter : « Donc, nous ne devons pas relâcher le soutien que nous avions accordé à ces rebelles qui sont les seuls à participer à l’esprit démocratique ».
« La France ne peut pas le faire seul et ça se fait en bonne intelligence avec l’Europe et les Américains », a encore précisé M. Hollande.
Dans les colonnes du journal Le Monde, le chef de l’État avait expliqué que ces livraisons d’armes aux rebelles syriens s’étaient faites « conformément » aux engagements de la France et « aux règles de l’Union européenne ».