La prévention du terrorisme nucléaire renforcée à l’issue du sommet de La Haye

Qu’un groupe d’activistes puisse commettre un attentat avec une arme nucléaire est peu probable, même si cette éventualité a été évoquée par plusieurs romanciers. Il y a plusieurs raisons à cela.

Tout d’abord, la planification d’une telle attaque demande du temps. Or, généralement, les réseaux terroristes, qui, pour beaucoup, ont des objectifs et des revendications politiques à portée immédiate (libération de prisonniers, destabilisation d’un Etat à l’approche d’élections, etc…).

Cependant, une organisation comme al-Qaïda, qui a des visées à plus long terme (instaurer un califat à l’échelle mondiale), pourrait effectivement y penser. D’ailleurs, si l’on en croit des informations publiées il y a maintenant plus de 10 ans, l’on a prêté cette intention à Oussama ben Laden.

Toutefois, faire exploser une bombe nucléaire au beau milieu d’une métropole occidentale demande encore des moyens qui vont au-delà de la capacité à acheter une dizaine de kalachnikov. Il n’existe que trois possibilité : la concevoir (en l’occurrence, ce ne pourrait être qu’une bombe A, la plus simple), ce qui exige non seulement des compétences (maîtrise de la détonique, miniaturisation) mais aussi avoir accès à de l’uranium enrichi de qualité militaire, l’acheter ou la voler.

Deux autres modes opératoires en matière nucléaire sont également possibles tout en étant beaucoup moins compliqués. Le premier est de s’attaquer à une centrale nucléaire. Le second consiste à fabriquer ce que l’on appelle une bombe sale, c’est à dire un mélange d’explosifs et de matériaux radioactifs. Pour cela, du Cesium, utilisé dans les appareils de radiologie, suffit. L’attaque serait beaucoup moins spectaculaire (c’est pourtant l’effet recherché par les terroristes) mais meurtrières sur le long terme.

Face à ces risques, le président Obama a eu l’idée, en 2009, d’un Sommet sur la sécurité nucléaire (NSS), dont la troisième édition vient de se tenir à La Haye, aux Pays-Bas, au lendemain d’une réunion du G7 largement consacré à la situation urkrainienne et à la Russie.

L’une des annonces de ce sommet a été faite par le Japon, qui s’est engagé à renvoyer aux Etats-Unis plus de 300 kilos de plutonium et près de 200 kilos d’uranium hautement enrichi qui lui avaient été fournis pendant la Guerre froide à des fins de recherches. Ces stocks sont actuellement abrités dans des bâtiments situés à 140 km de Tokyo. Et ils seraient « une cible facile pour des terroristes », si l’on en croit certains experts….

Mais la principale avancée majeure de ce 3e NSS est l’engagement pris par 35 pays sur la cinquantaine invités d’intégrer dans leur législation nationale les règles les plus sévères de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en matière de sécurité nucléaire ainsi qu’à accueillir des inspecteurs étrangers

« Notre objectif est d’éliminer les maillons faibles de la sécurité nucléaire », a affirmé Frans Timmermans, le ministre néerlandais des Affaires étrangères. « La sécurité nucléaire relève de la responsabilité nationale mais il est essentiel d’apprendre des expériences des uns des autres et d’appliquer les lignes de conduite de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), appelée à jouer un rôle de plus en plus central, a-t-il expliqué.

Si la Chine et la Russie ont refusé de prendre un tel engagement, la France fait partie des signataires de cette initiative, lancée par les Etats-Unis, les Pays-Bas et la Corée du Sud, tout comme Israël, la Turquie et l’Ukraine. Justement, la situation ukrainienne a également été largement abordée lors de ce sommet, notamment pour en conclure qu’il est difficile de « faire respecter les accords existants dans le nucléaire ».

Après avoir obtenu son indépendance en 1991, l’Ukraine avait signé le Mémorandum de Budapest, trois ans plus tard, en vertu duquel elle s’était engagé à se débarrasser des 1.240 têtes nucléaires héritées de l’Union soviétique en échange de la garantie de son intégrité territoriale, garantie assurée par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Russie. Ce que l’affaire de Crimée a remis en cause et qui compliquera à l’avenir les négociations éventuelles pour arriver à ce type d’accord.

« Dans le cas de l’Ukraine, l’assurance de la sécurité (territoriale, ndlr) était une condition essentielle à son accession au traité sur la non-prolifération nucléaire. (…) Mais ces assurances ont été sérieusement minées par les événements récents », a ainsi fait valoir Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, en faisant allusion au rattachement de la Crimée à la Russie. « Les implications sont profondes, aussi bien pour la sécurité régionale que pour l’intégrité du régime de non-prolifération nucléaire », a-t-il ajouté.

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