Centrafrique : Selon la France, l’ex-président Bozizé serait lié aux milices anti-balaka

Renversé en mars 2013 par la coalition rebelle de l’ex-Séléka, à dominante musulmane, l’ex-président centrafricain, François Bozizé, serait actuellement installé à Kampala, en Ouganda. Quel rôle a-t-il joué lors des récents évènements qui ont affecté la Centrafrique au cours de ces dernières semaines?

Depuis la chute du général Bozizé, la Centrafrique a sombré dans un cycle de violences, amorcé par les exactions commises en toute impunité contre les populations chrétiennes par les combattants de la Séléka, ce qui a provoqué une réaction des milices d’auto-défense « anti-balaka », qui, à leur tour, ont attaqué, sans distinction, les anciens rebelles et les civils musulmans.

Peu avant le déclenchement de l’opération française Sangais, planifiée pour mettre un terme à ces tueries, et le vote de la résolution 2127 autorisant cette intervention par le Conseil de sécurité des Nations unies, Bangui avait connu, le 5 décembre, une journée sanglante, avec une offensive d’éléments censés appartenir au mouvement anti-balaka contre les ex-Séléka. Il y avait là une drôle de coïncidence, laissant à penser qu’il s’agissait d’une action préméditée. Et une question se posait : quel rôle ont joué les partisans du président déchu?

En tout cas, à l’époque, Paris jugeait que l’implication de François Bozizé dans les milices anti-balaka n’était que marginale et que l’ex-président tentait surtout de « surfer sur la vague », c’est à dire de récupérer ce mouvement. Sauf que, visiblement, cette appréciation a changé…

Le 14 février dernier, et alors que, quelques jours plus tôt, le général Soriano, commandant l’opération Sangaris, avait durcit le ton à l’égard des miliciens anti-balaka, coupables d’exactions atroces contre des civils musulmans et de pillages, et que l’ONU parlait de risques de génocide et d’épuration éthnique, le site de l’hebdomadaire Le Point diffusait un entretien accordé par François Bozizé.

« C’est la Seleka qui est à l’origine de nos déboires. C’est elle qui a provoqué une situation de chaos. Il faut lui demander des comptes, mais aussi à ses soutiens. On accuse les anti-balaka, mais je ne dispose pas d’informations permettant de les mettre en cause dans une prétendue épuration ethnique. À l’époque où j’étais président, il n’existait aucun problème religieux. La Seleka, ce ne sont ni des musulmans ni des chrétiens, ce sont des bandits. Ils sont responsables des pillages, des vols et des viols. Les anti-balaka sont des patriotes, ils luttent contre l’insécurité », avait-il ainsi affirmé.

Ces propos en faveur des anti-balaka trahiraient-ils de possibles liens avec François Bozizé? Pas forcément. Seulement, l’enregistrement d’une conversation du président déchu, mis en ligne la semaine dernière par le site « Echo du Centrafrique », confirmerait ses liens avec les commandants de cette milice. Cette bande sonore est-elle authentique?

D’après le quotidien Le Monde (édition du 6 mars), qui cite des sources militaires françaises, il y a tout lieu de le penser. « François Bozizé et des membres de sa famille manipulent les groupes qui font la chasse aux musulmans », écrit le journal. « Ils méritent la Cour pénale internationale », lui aurait même confié un haut responsable français.

En tout cas, François Bozizé et son fils, Jean-Francis, qui a, accessoirement, été ministre de la Défense, sont dans le viseur de Paris, qui s’active actuellement aux Nations unies pour geler leurs avoirs. D’après une estimation du renseignement français rapporté par le journal du soir, la famille de l’ex-président centrafricain aurait au moins 156 millions d’euros placés en Suisse, au Luxembourg et dans différents paradis fiscaux.

Mais les Bozizé père et fils ne sont pas les seuls à être visés par des sanctions voulues par les autorités françaises. Six autres personnalités sont aussi concernées, dont Noureddine Adam, l’ancien chef du service de renseignement de Michel Djotodia, l’ex-président de transition poussé à la démission en janvier. Ce responsable de l’ex-Séléka, qui se trouverait en ce moment au Nigéria, est un partisan résolu de la partition de la Centrafrique. Avec tout ce que cela suppose.

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