Un officier de gendarmerie exprime publiquement l’exaspération de ses troupes
Le commandant Fabien Masson, qui est à la tête de la compagnie de gendarmerie de Laon, n’a pas mis sa langue dans sa poche lors la Sainte-Geneviève, fêtée à Saint-Gobain, le 15 novembre dernier (avec quelques jours d’avance) en présence des autorités civiles, dont le nouveau préfet de l’Aisne, Hervé Bouchaert, le procureur de la République, Olivier Hussenet.
Cet officier a commencé sa carrière militaire au sein de l’armée de Terre, dans un régiment de transmission. Après avoir réussi le concours de l’Ecole militaire interarmes (EMIA), il s’est orienté, en 2002, vers la gendarmerie. Pour autant, ce changement de cap ne l’a pas empêché de prendre part à plusieurs opérations à l’étranger, que ce soit au Kosovo, en Géorgie ou encore en Bosnie.
Ainsi, selon ses propos rapportés par l’Aisne Nouvelle, le commandant Masson a commencé par évoquer la « très forte augmentation » des actes de délinquance constatée par la compagnie qu’il commande, avec une hausse de 22% par rapport à la même période en 2012, avant de pointer la responsabilité de la justice, « sans vouloir polémiquer ».
D’après le commandant Masson, cette hausse concerne les atteintes volontaires à l’intégrité physqiue, les outragres et les violences à l’égard des « dépositaires de l’autorité publique » et la falsification et l’usage de chèques volés.
« Ces trois marqueurs illustrent, à mon avis, la tension croissante qui parcourt la société française caractérisée par la primauté de l’individu sur le collectif : paupérisation poussant à briser le verrou moral dans un premier temps, suivie d’une libération de la parole agressive qui s’accompagne de la découverte de la clémence de la justice, pour finalement aboutir à un retournement contre les symboles tangibles de l’autorité », a-t-il expliqué.
Aussi, a-t-il poursuivi, à l’adresse des gendarmes, « un bon nombre d’entre vous sont surpris de telle ou telle décision judiciaire ‘trop clémente’ ou ‘pas assez éducative’, qui ne ‘rentabilise’ pas le travail que cela représente ». Et d’ajouter : « Depuis trois ans à votre tête, je vois passer des dossiers concernant les mêmes personnes. Les plus actifs de nos adversaires viennent d’être neutralisés pour la troisième fois… »
Et tant qu’à avoir une « parole franche », le commandant Masson n’a pas manqué de déplorer le manque de moyens, lesquels ne sont « tout bonnement pas disponibles là et quand il faut », aisni que du logement des gendarmes, dont « l’entretien ne se réalise que par à-coup ».