Risque de rupture capacitaire pour le transport logistique de l’armée de Terre

Lancé en 2010 avec une commande portant sur une première tranche de 200 véhicules et passée par la Direction générale de l’armement auprès du tandem constitué par Iveco et Soframe, le programme de Porteur polyvalent terrestre (PPT) doit permettre à l’armée de Terre de remplacer progressivement ses camions VTL et TRM10000. L’objectif initial était donc d’en acquérir 2.400 exemplaires. Un niveau ramené depuis à 1.600 unités selon le contrat opérationnel fixé par le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN).

Ce projet prévoit 4 versions du PPT : le porteur polyvalent logistique avec un système de chargement (PPLOG), le porteur polyvalent de l’avant (PPAV), doté d’un plateau fixe multifonctions avec ou sans bras de manutention hydraulique, le porteur polyvalent benne du génie (PPBG) et le porteur polyvalent lourd de dépannage (PPLD).

Le premier PPT – un Astra IVECO M320 – a été livré en juin dernier à la Section technique de l’armée de Terre (STAT) de Versailles. Ce nouveau camion n’a pas tardé à connaître son premier engagement des forces françaises puisque 6 sont partis au Mali le 15 octobre dernier. Pour l’année 2014, 115 autres exemplaires devraient être livrés.

En tout, selon le rapport annexé au projet de Loi de programmation militaire (LPM), l’armée de Terre disposera de seulement 450 PPT en 2019 (378 supplémentaires devant être livrés sur la période).

D’où les craintes exprimées par le général Bertrand Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), lors d’une audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, le 21 octobre dernier. « Le cas du porteur polyvalent terrestre (PPT) illustre aussi les risques de rupture capacitaire », a-t-il averti.

« Les premières versions de ce camion logistique ont été livrées cette année, six ont été embarqués le 15 octobre pour le Mali; 115 autres seront réceptionnés en 2014, et seulement 450 avant 2020, sur une cible de 1.600 », a-t-il rappelé. Ce qui semble bien insuffisant pour le CEMAT, qui a fait part de d’un risque de « rupture capacitaire » pouvant donc « intevenir à tout moment, en cas d’arrêt de la flotte actuelle, à bout de souffle ».

Aussi, des mesures ont été prises afin d’écarter ce risque. Mais elles sont loin d’être satisfaisantes. « Ainsi, a expliqué le général Ract-Madoux, le VTL (véhicule de transport logistique) vient de faire l’objet de limitations d’emploi qui réduiront sa charge d’emport et sa vitesse, donc son rendement opérationnel ». Quand l’on sait l’importance du transport logistique pour les armées – et l’intervention au Mali l’a encore prouvé si besoin en était – il y de quoi sérieusement s’inquiéter.

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