Le Premier ministre pakistanais demande à Washington de cesser les attaques de drones

Le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, ne devrait pas repartir les mains vides de Wahsington, où il est actuellement en visite officielle. Après des relations extrêmement compliquées (raid contre Ben Laden à Abbottabab, collusion avec les insurgés afghans, incidents armés, etc…), le Pakistan et les Etats-Unis vont très probablement resserrer leurs liens dans les mois qui viennent.

Déjà, le département d’Etat a annoncé le déblocage immédiat d’une somme de 1,6 milliards de dollars en faveur du Pakistan, dont les trois quarts seront destinés à financer une aide militaire. Une enveloppe d’un montant équivalent a été demandée au Congrès pour l’année prochaine.

Pour Islamabad, un coup de pouce de Washington est le bienvenu, d’autant plus que l’économie pakistanaise n’est pas florissante. En outre, pour les Etats-Unis, de bonnes relations avec le Pakistan permettront de ne pas entraver le retrait d’Afghanistan des forces américaines.

Cela étant, Nawaz Sharif, tout en précisant son souhait d’entretenir des « relations chaleureuses » avec Washington, a demandé aux responsables américains de mettre un terme aux attaques de drones, lancées dans les zones tribales pakistanaises, lesquelles servent de refuge aux insurgés afghans ainsi qu’aux membres d’al-Qaïda.

« Je voudrais en premier lieu insister sur la nécessité d’arrêter les attaques de drones », a-t-il en effet déclaré, le 22 octobre, à l’occasion d’un discours prononcé devant l’Institut américain pour la paix. Selon lui, l’usage de ces appareils est « une violation de la souveraineté » de son pays et qu’il se fait « au détriment » des efforts pakistanais contre le terrorisme.

Le même jour, l’organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International a publié un rapport dans lequelle elle a appelé les Etats-Unis à rendre publiques les informations concernant les attaques de drones réalisées dans les zones tribales pakistanaises, afin de vérifier qu’elles respectent bel et bien le droit international. En outre, le document critique l’ambiguïté d’Islamabad a l’égard de ces frappes, critiquées officiellement mais qui seraient en fait approuvées en privé…

Le rapport d’Amnesty s’est penché sur 40 frappes attribuées depuis mi-2012 à des drones américains dans le nord-ouest du Pakistan, dont une qui a coûté la vie à Mamana Bibi, une femme de 68 ans, dans un district tribal du Waziristan du Nord. « Dans son enquête, Amnesty International n’a trouvé aucune preuve d’installations militaires ou de groupes armés, de caches ou de combattants » à proximité de la zone du tir, indique le document, qui suggère ainsi un « échec » des autorités américaines.

Sauf que les témoignages concernant cette frappe sont sujets à caution. Comme le relève le journaliste David Axe, rien ne poruve qu’un missile Hellfire ait été tiré le jour où Mamana Bibi a perdu la vie.

En outre, le rapport d’Amnesty indique que la frappe – ainsi que d’autres, comme celle du village de Zowi Zigdi, en juillet 2012 –  a été réalisée par deux ou trois drones, ce qui est techniquement impossible, pour la simple et bonne raison que l’on ne sait pas faire voler une formation d’appareils pilotés à distance comme peut l’être un Reaper ou un Predator. L’US Air Force a engagé des recherches pour que celui puisse être possible. Les premiers essai d’un vol à deux engins – des Global Hawk – ont eu lieu seulement à la fin de l’année 2012…

Aussi, il est fort possible que ces drones soient en fait tout bonnement des appareils  pakistanais. En novembre 2011, l’Air Chief Marshal Rao Qamar Suleman, le chef d’état-major des forces aériennes pakistanaises, avait indiqué que ses avions avaient effectués 5.500 frappes, largué 10.600 bombes et détruit 4.600 objectif en deux ans dans les zones tribales.

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