Le général Palomeros plaide pour un rééquilibrage des efforts au sein de l’Otan

Pour les Etats-Unis, la priorité n’est pas l’Europe mais la région Asie-Pacifique, laquelle fait l’objet de toute l’attention du Pentagone, alors que ce dernier doit composer avec des coupes sombres dans son budget, dues aux effets de la »séquestration » des dépenses fédérales. En clair, il s’agit pour Washington de concentrer ses efforts militaires vers cette stratégie dite de « pivot », aux dépens du Vieux Continent, et donc, de l’Otan.

Aussi, pour le commandant suprême allié transformation de l’Otan (SACT), le général (air) français Jean-Paul Paloméros, il est temps pour les pays européens de prendre en main leur propre défense. D’autres avant lui avaient lancé un appel identique. Seulement, l’on ne peut que constater qu’il est resté lettre morte.

« Il faut voir ce que les pays européens sont prêts à apporter à la corbeille », a ainsi affirmé le général Paloméros, lors d’une rencontre avec des journalistes à Paris, le 18 septembre, et dont les propos ont été rapportés par Reuters. « Les Etats-Unis ont d’autres perspectives stratégiques et il est normal qu’on vienne les soutenir dans cet effort pour l’Alliance », a-t-il ajouté. « Il faut une alliance équilibrée entre les deux côtés de l’Atlantique et au sein de l’Europe pour que cela fonctionne », a-t-il plaidé.

« Les Américains remplissent un grand nombre des trous de la raquette. La question qui se pose à nous, Européens, c’est quelle est la part que nous voulons assumer. Il y a des déficits un peu partout. C’est vrai que les Américains sont capables à eux seuls de couvrir les ambitions de l’Alliance mais ce n’est pas leur souhait », a encore expliqué l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air.

Reste à voir comment les pays européens peuvent améliorer leur contribution aux capacités militaires de l’Otan. Financièrement parlant, cela paraît actuellement compliqué, étant donné que la plupart des pays ayant des finances publiques dégradées taillent à qui mieux mieux dans leurs budgets militaires, sans que, pour autant, cela soit efficace (la situation néerlandaise le prouve…).

D’ailleurs, le général Paloméros en est conscient puisqu’il admis que la fameuse norme Otan fixant le niveau des dépenses militaires à 2% du PIB des Etats membres n’est pas réaliste. « Ce 2%, c’est un objectif, un Graal, une ambition. Est-ce qu’on peut l’atteindre ? Visiblement, aujourd’hui, c’est difficile. Les pays qui l’atteignent sont assez rares », a-t-il déclaré, avant d’estimer que « certains (…) dépensent trop sur leur personnel au détriment de leur capacité d’investissement » et de l’entraînement de leurs forces.

Aussi, au vu de cette situation, la solution passe par davantage de mutualisations de capacités militaires entre les différents pays européens. Seulement, si le terme est à la mode depuis quelques temps, il peine à se traduire dans les faits, même si des initiatives allant dans ce sens ont été prises par l’Otan (concept de Smart Defense) et l’Union européenne (politique de pooling et sharing portée par l’Agence européenne de defense – AED)

« L’Europe doit agir en synergie plutôt qu’en concurrence » a cependant insisté le général Paloméros. « Le déficit avec les Américains ne peut que s’accroître si nous continuons sur cette voie », a-t-il prévenu. Et ce sera « effectivement une des préoccupations qui marquera les débats de l’Alliance dans un futur sommet » a-t-il précisé.

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