Les surcoûts de l’opération Serval s’élèveront à 400 millions d’euros d’ici la fin de l’année

Pour 2013, le budget de la Défense prévoyait une enveloppe de 630 millions d’euros pour financer les surcoûts liés aux opérations extérieures (opex), soit un montant identique par rapport aux deux années précédentes. Il est à noter que cette pratique n’a pas cours aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, les dépenses concernant les interventions militaires à l’étranger ne figurant pas dans les ressources allouées aux forces armées de ces pays.

Cela étant, au moment de l’adoption de la loi de finances initiale, l’on ne pouvait bien évidemment pas deviner que les forces françaises seraient amenées à intervenir au Mali, comme elles l’ont fait le 11 janvier dernier dans le cadre de l’opération Serval.

Du coup, ces 630 millions d’euros ne seront pas suffisants pour financer l’intégralité des surcoûts « opex », comme cela est d’ailleurs généralement le cas. Pour bien préciser les choses, ces derniers correspondent aux dépenses que le ministère de la Défense n’aurait pas été obligé de faire s’il n’y avait pas eu d’intervention militaire à l’étranger. En clair, il s’agit par exemple des munitions et du carburant consommés qui ne l’auraient pas été en temps normal ainsi que des primes versées aux personnels engagés.

Ainsi, lors d’une audition devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, le mois dernier, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud a estimé que les surcoûts liés à l’opération Serval attendraient, d’ici la fin de l’année, les 400 millions d’euros. En décembre 2013, il devrait encore rester au Mali environ un millier de militaires français, avec pour mission d’appuyer les casques bleus de la MINUSMA.

« Les 630 millions d’euros prévus au titre des Opex n’incluent pas l’opération Serval, pour laquelle 300 millions d’euros ont été engagés. La facture globale d’une telle opération est de l’ordre de 100 000 euros par homme et par an; or, au pic de notre engagement, 4 500 hommes appartenant à 101 formations différentes étaient mobilisés, soit 3 000 hommes en moyenne annuelle – puisqu’il faut inclure les forces présentes à la périphérie –, de sorte qu’au total, le coût dépassera les 400 millions d’euros à la fin de l’année », a en effet expliqué le CEMA aux parlementaires.

Le problème sera donc de trouver l’argent nécessaire pour financer ces dépenses supplémentaires. Avant 2008, le supplément de surcoût des Opex était prélevé intégralement sur le budget de la Défense, plus précisément par annulation de crédits d’équipements. Cette pratique a changé à l’occasion de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2009-2014 puisque c’est désormais la réserve de précaution ministèrielle qui est sollicitée.

Sauf que, comme le précise un rapport du Sénat, cette dispostion « ne précise pas toutefois la part de ces dépenses qui sera financée sur la réserve de précaution des missions autres que la mission  ‘Défense’, ce qui peut conduire, de fait, à largement gager les opérations extérieures sur des crédits du ministère de la défense et pose la question de la portée réelle de la réforme opérée par la LPM. »

D’où l’inquiétude dont a fait part l’amiral Guillaud aux députés. « Une fois consommés les crédits dédiés, il faudra trouver de l’argent ailleurs et, le ministère du budget proposera probablement de prélever une partie des sommes sur notre propre budget, Matignon accordant éventuellement une rallonge. La dépense totale pourrait dépasser, comme en 2011, le milliard d’euros – perspective qui, croyez-le bien, est préoccupante », a-t-il affirmé.

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