Le chef de l’US Africom plaide pour une approche politique dans la crise malienne

Depuis le début de cette année, trois groupes islamistes, à savoir al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Dine et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), ont pris le contrôle du Nord-Mali, après avoir écarté les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).

Le risque est désormais de voir s’établir dans cette région ce que les autorités françaises ont appelé un « Malistan », c’est à dire un sanctuaire pour les mouvements jihadistes. Et pour Paris, il y a urgence à intervenir pour l’éviter. D’où les encouragements de la France à l’égard de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour que cette dernière mette sur pied une force d’intervention, en l’occurrence la Micema (Mission de la Cédéao au Mali), dont les contours peinent à prendre forme.

La semaine passée, Bamako et la Cédéao ont trouvé un accord pour fixer les modalités de l’intervention de la Micema au Nord-Mali. Dans le même temps, le Premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, a demandé le feu vert des Nations unies pour que le déploiement d’une « force militaire internationale » puisse se faire afin d’aider à la reconquête des territoires passés sous le contrôle des groupes islamistes armés.

Par ailleurs, dans un entretien publié le 29 septembre par le quotidien Le Monde, le chef du gouvernement malien a demandé à Paris un appui allant au-delà de l’aide logistique envisagée. « Le jour où la force internationale s’engagera, quand on aura besoin d’utiliser la troisième dimension, les Mirage français pourraient s’engager. Si la France le veut, ses forces spéciales pourront aussi se joindre à nos forces armées. Tout est ouvert » a-t-il déclaré.

Seulement, tout le monde partage pas l’idée d’une intervention militaire au Nord-Mali pour en chasser les groupes islamistes. Ainsi, le général Carter Harm, le chef de l’US Africom, le commandement américain pour l’Afrique, a réaffirmé la position exprimée la semaine dernière par son pays lors d’une réunion concernant la situation malienne au Nations unies.

« La situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique. Il y a une composante militaire qui fera partie d’un tout et jouera un rôle bien précis dans la résolution de ce conflit » a-t-il déclaré lors d’un déplacement à Alger, le 30 septembre. « En raison de la présence de groupes terroristes dans la région, une aide militaire peut être requise » a-t-il toutefois admis. Et d’ajouter : « La seule alternative qui ne pourrait pas exister, c’est la présence militaire américaine dans le nord du Mali. »

Quant à l’éventualité d’une opération de la Cédéao, le général Ham a estimé qu’il manque encore des « détails concrets concernant cette question. » « S’il y a une autorisation d’une intervention militaire, les Etats-Unis étudieraient la question, actuellement le sujet n’est pas vraiment clair » a-t-il précisé.

Avant toute chose, selon le chef de l’US Africom, les Etats-Unis veulent « faire la distinction entre les groupes armés dans cette région et définir ceux qui sont terroristes et ceux qui ne le sont pas ». Ainsi, s’il n’y a pas de doute sur la nature d’AQMI, Washington « essaie de comprendre le rôle du Mujao, du MNLA (rebelles touareg indépendantistes) et d’Ansar Dine ».

Plus généralement, les Etats-Unis et l’Algerie sont sur la même ligne concernant le Nord-Mali. D’après le général Ham, les deux pays sont « tout à fait d’accord sur une priorité : le peuple malien doit avoir l’opportunité de choisir librement son gouvernement et de vivre dans la paix et la sécurité » et « se sont engagés à aider le peuple malien à atteindre cet objectif. »

Avant toute chose, Washington veut qu’un « gouvernement légitime » soit mis en place à Bamako. Ce qui paraît compliqué, étant donné que le pays est coupé en deux. Pour rappel, depuis le putsch qui a renversé le président Touré le 22 mars dernier, le Mali s’est doté d’institutions intérimaires.

Quant à Alger, la priorité doit être donnée à la négociation pour tenter de régler le conflit. Ce qu’a catégoriquement rejeté Cheikh Modibo Diarra dans l’entretien accordé au Monde. « Le temps pour ces négociations est passé. Nous avons utilisés tous les canaux possibles » a-t-il affirmé, tout en n’écartant pas de possibles avec le MNLA. « Les pays qui parlent de négociations nous ont fait perdre du temps. Six mois après, un millier de terroristes dotés d’armes sophistiquées se sont installés. Cela n’a rien à voir avec les revendications de petits groupes dissidents du Mali » a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]