La frégate Prairial participe à l’exercice RIMPAC 2012 dans le Pacifique

Lancé en 1971 sous l’autorité de l’United States Pacific Command, le Rim of the Pacific Exercise (RIMPAC) est devenu au fil du temps l’un des plus grands exercices aéronavals du monde, tant par sa durée (2 mois) que par le nombre de participants. Son édition 2012 mobilise en effet une quarantaine de navire de surface, dont le porte-avions USS Nimitz, 6 sous-marins, 200 avions et 25.000 marins.

Pas moins de 22 nations sont engagées dans ces manoeuvres, dont bien évidemment les Etats-Unis, un certain nombre de pays appartenant à la zone Asie-Pacifique (Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Japon, Inde, Corée du Sud, etc…) et même le Royaume-Uni et la Norvège et les Pays-Bas. La Russie y participe également pour la première fois, avec trois navires.

Quant à la France, sa présence sera relativement modeste, avec le déploiement, à compter du 10 juillet, de la frégate de surveillance Prairial, habituellement basée à Papeete, en Polynésie française. Mais à l’occasion de RIMPAC 2012, son port d’attache sera la base de l’US Navy de Pearl Harbour.

Ces manoeuvres aéronavales majeures, qui verront pour la première fois des navires de l’US Navy utiliser des biocarburants, consistent à renforcer l’interopérabilité entre les différentes forces navales en matière de lutte sous-marine, de défense aérienne, de déminage, d’opération d’interdiction maritime, d’arraisonnements, de débarquements de troupes de marine, de mission humanitaire, etc….). Elles se terminent ensuite à Pearl Harbor, avec un débriefing.

Ces manoeuvres ont plusieurs enjeux. En premier lieu, et outre le renforcement de la coopération multilatérale, il s’agit de tester de nouvelles technologies, dont celles liées à la communication des sous-marins via laser, et de valider l’usage des biocarburants dans un contexte opérationnel. Ensuite, cette démonstration de force vise la Corée du Nord, qui ne cesse pas de provoquer son voisin du sud et qui a défié la communauté internationale en procédant au tir d’une fusée, malgré l’interdiction qui lui en avait faite. La Chine, qui a des prétentions territoriales dans la région, peut se sentir également concernée, d’autant plus que RIMPAC 2012 rassemble des pays avec lesquels elle a des différends.

A l’avenir, il est possible que la participation de la Marine nationale aux prochaines éditions de RIMPAC soit plus importante qu’elle ne l’est cette année. Il serait en effet faux de penser qu’un conflit dans la région Asie-Pacifique aurait des conséquences limitées sur l’Europe en général et sur la France en particulier.

« Les départements et collectivités d’Outre-mer donnent à la France une surface mondiale de première importance (11 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive [ZEE], au deuxième rang derrière les Etats-Unis) et une présence dans trois zones stratégiques du globe, Pacifique, Amériques, Océan Indien » a en effet rappelé un document intitulé « La France face aux évolutions du contexte international et stratégique« , lequel a été publié en février dernier par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) en vue du prochain Livre blanc.

Pour ce qui concerne le Pacifique, la France détient une ZEE de 6,9 millions de km2 avec la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna. Ce qui est synonyme, selon le document, de richesses halieutiques et minérales alors que les tensions stratégiques sur les ressources vont en augmentant.

« La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française confèrent à la France un statut d’Etat riverain qui lui donne accès à de nombreuses organisations régionales (Commission du Pacifique Sud, Forum des pêches…) », poursuit encore le document.. « Nos forces prépositionnées permettent de faire valoir nos intérêts nationaux et de souveraineté » peut-on encore y lire.

Qui plus est, dans une économie mondialisée, il est nécessaire d’assurer la libre circulation des navires de commerce, sachant que les échanges maritimes représentent 90% du volume du transport mondial de marchandise. Et un conflit dans la région Asie-Paciques (elle n’est pas la seule concernée), perturberait les approvisionnements européens.

« Tout ce qui contribue à accroître la sécurité de l’Asie-Pacifique profite à la stabilité mondiale, tant cette région pèse dans les affaires du monde et pèsera encore plus dans l’avenir. Dans cet ensemble, l’Asie du Sud-Est joue un rôle central : ses voies maritimes, vitales, sont un pont reliant entre elles les nations asiatiques et sont une voie privilégiée avec le reste du monde » a par ailleurs souligné le ministre français de la Déefense, Jean-Yves Le Drian, à lors de la 11e édition du Dialogue Shangri-La à Singapour, en juin dernier. Et d’ajouter que « la prospérité du Pacifique dépend pour partie de la stabilité de l’océan Indien. La plupart des conflits de la zone Asie sont aujourd’hui liés ».

En déplacement dans l’océanie en juin dernier, à l’occasion du mission du Sénat, Jean-Pierre Chevènement, par ailleurs ancien ministre de la Défense, a affirmé que « le Pacifique est une région absolument stratégique pour le monde, et la France se doit d’y être, à un moment où les équilibres mondiaux sont bouleversés ». Et de préciser que le futur Livre blanc sur la sécurité et la défense nationale ne devrait pas manquer « d’amplifier cette dimension de notre stratégie de défense. »

Photo : La frégate de surveillance Prairial (c) Marine nationale

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