Le prochain avion de combat des Philippines ne sera pas américain

La tension entre la Chine et les Philippines est toujours vives au sujet du récif de Scarborough, situé en mer de Chine méridionale, déjà théâtre de conflits territoriaux concernant les archipels Spratley et Paracel.

Appelé Panatag Shoal ou Bajo de Masinloc pour les Philippins et îles Huangyan pour les Chinois, le récif de Scarborough doit son nom à un bateau chargé de thé qui s’y est échoué au XVIIIème siècle. Situé exactemement à environ 200 km à l’ouest de l’île philippine de Luçon et à 560 km des côtes chinoises, Manille en revendique la souveraineté, en mettant en avant qu’il se trouve à l’intérieur de zone économique exclusive des 200 milles marins définie par la Convention des Nations unies . Ce que conteste que Pékin, qui oppose des arguments historiques.

Seulement, non loin du récif de Scarborough, il y a le « banc de Reed » (Reed Bank), où une compagnie pétrolière philippine entend y forer deux puits d’évaluation afin de trouver des champs gaziers.

La Philex Petroleum estime, en effet, que la réserve potentielle de gaz naturel autour du Reed Bank serait de 132 milliards de mètres cubes. Voilà donc une des raisons pour lesquelles Pékin conteste la légitimité de Manille sur ces îles.

Depuis un incident ayant opposé le patrouilleur philippin Gregorio Del Pilar à des pêcheurs et à deux navires de surveillance chinois, la Chine y a doublé sa présence navale, avec 30 navires déployésdans le secteur.

Du côté de Manille, l’on souhaite régler le différend en appliquant la Convention des nations unies sur le droit de la mer. Mais, à Pékin, le ton est tout autre. La « boulette » d’une journaliste de la télévision publique chinoise est révélateur : « Nous savons tous que les Philippines font partie intégrantes du territoire Chine, c’est un fait indiscutable » a-t-elle affirmé à l’antenne.

D’autres médias d’Etat ont quant à eux souligné que l’Armée populaire de Libération était prête à se confronter au « fauteur de trouble philippin ». Fin avril, un quotidien militaire avait mis en garde Manille et Washington contre les « risques de confrontation » causés par des exercices conjoints américano-philippin en mer de Chine méridionnale.

Sur le plan militaire, il n’y a pas de comparaison possible entre la Chine et les Philippines, ces dernières ne disposant pas de forces armées dotées d’équipements modernes. Aussi, c’est pour cette raison que Manille entend renforcer ses relations avec le Japon, l’Australie ainsi que la Corée du Sud et compte (surtout) sur le soutien des Etats-Unis pour sa protection, grâce au Traité de sécurité mutuelle du 30 août 1951.

Ainsi, depuis 2002, l’aide militaire américaine s’est élevée à 500 millions de dollars, notamment dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, le sud des Philippines étant un repaire pour le groupe islamiste Abu Sayyaf.

Mais, en 2012, les Etats-Unis vont doubler cette aide militaire annuelle afin de répondre à la demande des Philippines visant à se doter d’une « défense qui soit un minimum crédible », avec l’acquisition de navires, de radars et d’avions de combat.

Et en matière d’aviation, un rapport publié l’an passé a conclu que la « Hukbong Panghimpapawid ng Pilipinas », le nom de l’armée de l’Air locale, « est mal équipée pour être opérationnelle et utile à la sécurité nationale ». Autant dire qu’elle part de très loin, étant donné que les trois quarts de ses aéronefs sont cloués au sol, faute d’entretien.

Dans un premier temps, Manille a songé à acquérir des avions F-16 d’occasion afin d’en équiper deux escadrons. Seulement, l’appareil de Lockheed-Martin, même de seconde main, s’avère trop coûteux en terme de maintenance. Aussi, le prochain avion de combat philippin ne sera pas américain. C’est du moins ce qu’a annoncé le président Benigno Aquino, lors d’une intervention radio-diffusée, le 16 mai.

« Nous avons une alternative et, c’est une surprise, il semble que nous avons les capacités d’acheter de nouveaux appareils, mais qui ne viendront pas des Etats-Unis. (…) Ils sont fabriqués par un autre pays ‘progressif’ que je ne peux pas nommer maintenant » a-t-il déclaré.

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