Londres change encore d’avis et opte pour le F-35B

C’était dans l’air depuis quelques semaines et la rumeur vient d’être confirmée : le ministre britannique de la Défense, Philip Hammond, a en effet annoncé la décision de Londres d’acquérir des F-35 B à décollage court et atterrissage vertical (STOVL, Short Take-Off and Vertical Landing) en lieu et place de la version navale (F-35 C) de cet appareil développé par le constructeur américain Lockheed-Martin.

Il s’agit-là d’un nouveau revirement pour Londres. En octobre 2010, à l’occasion de la publication de la Strategic Defense and Security Review, le gouvernement britannique avait en effet opté pour le F-35 C  au lieu de la version STOVL qui était jusque-là prévue. Et cela, pour plusieurs bonnes raisons.

La première était, à l’époque, que la version STOVL de l’avion américain était menacée à cause des problèmes rencontrés lors de sa mise au point et des surcoûts engengrés par cette dernière. L’ancien patron du Pentagone, Robert Gates, avait même placé ce programme en période probatoire.

La seconde avait un rapport plus pratique. Etant donné que les alliés français et américains disposent des porte-avions CATOBAR (Catapult Assisted Take Off Barrier Arrested Recovery), c’est à dire des navires dotés de catapultes et de brins d’arrêt, il s’agissait alors de renforcer l’interopérabilité de la Royal Navy avec la Marine nationale et l’US Navy. Ce qui ouvrait le champ à des coopérations prometteuses. Quoi qu’il en soit, ce revirement est un coup de canif aux accords de défense franco-britannique de novembre 2010, alors même qu’un nouveau président est en train de prendre ses marques à Paris.

« La décision concernant les porte-avions, prise en 2010, était légitime à l’époque, mais les faits ont changé et nous devons changer notre approche en conséquence. Ce gouvernement ne va pas aveuglément poursuivre des projets sans considération pour l’augmentation des coûts et des délais » a fait valoir Philip Hammond, pour expliquer cette décision, laquelle illustre, pour Jim Murphy, en charge des questions de défense au Parti travailliste, « l’incompétence gouvernementale ».

Pour pouvoir mettre en oeuvre des F-35C, Londres devait décider de modifier au moins l’un de ses deux porte-avions de la classe Queen Elizabeth en cours de construction. Conçu au départ pour accueillir des avions STOVL, il fallait en effet ajouter un système de catapultes, en l’occurrence le EMALS (Electromagnetic Aircraft Launch System) américain, non exempt de critiques outre-Atlantique. Déjà que les coûts des deux navires ont explosé, cette adaptation aurait coûté au moins 700 millions de livres sterling supplémentaires.

En outre, un rapport interne au Pentagone, le « DOD F-35 Concurrency Quick Look Review », censé rester confidentiel, a indiqué que le F-35C était incapable, au stade de son développement, de se poser sur un porte-avions à cause d’un mauvais positionnement de sa crosse d’appontage, cette dernière étant située trop près de son train d’atterrissage.

Cela étant, et faute d’avoir prévu une version navale de l’Eurofighter, Londres paiera de toute façon cher ce programme. En avril dernier, un rapport confidentiel du Defence Science and Technical Laboratory, qui dépend du ministère britannique de la Défense (MoD), évoqué par le quotidien The Daily Telegraph, estimait que le F-35C était le mieux adapté, considérant que les performances de la version STOVL étaient insuffisantes.

En effet, le DSTL a mis en avant que le F-35B, plus gourmand en carburant, peut emporter moins d’armes que les autres versions et dispose d’une autonomie réduite. Ainsi, pour une cible située à 300 miles du porte-avions, il ne peut rester sur zone que pendant 20 minutes, contre 80 minutes pour le modèle C.

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