Nucléaire iranien : Que retenir du rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique?

Très attendu, sur fond de menace d’une intervention militaire israélienne, le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirme ce que les services de renseignement occidentaux savaient déjà, c’est à dire que le programme nucléaire iranien a une dimension militaire.

Affirmant s’appuyer sur des éléments « crédibles », l’AIEA indique que « l’Iran a mené des activités visant à développer un engin explosif nucléaire ». Et de poursuivre : « Avant 2003, ces activités se sont déroulées dans le cadre d’un programme structuré » et « certaines » d’entre elles « pourraient toujours être en cours. »

Les informations de l’AIEA ont été obtenues par ses propres moyens mais aussi grâce à des services de renseignement des pays membres. Cela étant, plusieurs faits qui figurent dans ce document ont déjà été evoqués par le passé, notamment par plusieurs rapports parlementaires, dont celui établi sous la direction du député socialiste Jean-Louis Bianco, en décembre 2008, ou encore celui rédigé par Jacques Myard et Jean-Michel Boucheron un an plus tard.

Alors, qu’en retenir? En premier lieu, que l’Iran a confié le développement de l’aspect militaire de son programme à une entité clandestine appelée AMAD. Cette dernière a été démantelée en 2003. Seulement, elle a changé de nom à plusieurs reprises et ses activités n’ont, semble-t-il jamais cessé.

Par ailleurs, l’on retrouve la mention du réseau animé par le docteur A.Q Kahn, le père de la bombe nucléaire pakistanaise. L’on savait que ce scientifique avait été un acteur majeur de la prolifération de ce type d’armes et qu’il avait été en relation avec la Libye, à laquelle il avait fourni des plans d’un engin rudimentaire. Cela étant, ce n’est pas une surprise puisque les services occidentaux savaient qu’il avait été de mèche avec Téhéran. Au niveau des contributions externes, l’AIEA cite le cas d’un expert originaire d’un « Etat membre » (Russie?) qui « a fait toute sa carrière dans le programme nucléaire militaire de son pays ».

Autres éléments à charge, l’Iran aurait développé de détonateurs EBW (Exploding Bridgewire), qui est un composant essentiel des armes nucléaires et mené des expérimentations sur des charges hémisphériques, pouvant être adaptées sur des têtes de missiles balistiques, sur lesquelles 6 équipes d’ingénieurs travaillent, dans le cadre du « projet 111 ». Enfin, l’AIEA croit également savoir que Téhéran, aurait planifié un essai nucléaire.

L’agence onusienne a demandé à l’Iran de fournir de explications sur tous ces points litigieux et de se mettre « sans délai » en rapport avec elle. Seulement, du côté de Téhéran, l’on rejette en bloc les informations contenues dans le rapport.

Reste maintenant à voir quelle va être la suite des évènements. Ce qui est certain, et même si des plans allant vers cette éventualité sont en cours d’élaboration dans les états-majors américains et britanniques, c’est que les pays occidentaux préférent éviter, pour le moment, toute opération militaire contre les infrastructures nucléaires iraniennes. Ce serait allumer un briquet près d’un baril de poudre et nul ne sait comment les choses pourraient évoluer par la suite.

Aussi, le recours à des sanctions renforcées à l’égard de l’Iran pour lui faire renoncer Téhéran à l’idée de se procurer l’arme nucléaire, semblent être le plus raisonnable. Cependant, il n’est pas certain que cette stratégie soit de nature à faire plier l’Iran, d’autant plus que deux pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU (la Chine et la Russie) s’y opposent afin de préserver leurs intérêts économiques avec le régime des mollahs.

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