Le lieutenant de Ben Laden prend finalement la tête d’al-Qaïda

L’intérim de Saïf al-Adel à la tête d’al-Qaïda n’aura pas duré longtemps. Désigné il ya quelques semaines pour remplacer temporairement Oussama Ben Laden, tué le 2 mai lors d’un raid américain à Abbottabad (Pakistan), cet ancien des forces spéciales égyptiennes a cédé la place à Ayman al-Zawahiri, qui était jusqu’à présent le numéro du réseau terroriste.

« Le commandement général d’al-Qaïda annonce, après consultations, la désignation de cheikh Ayman al-Zawahiri à la tête de l’organisation » a annoncé, par un communiqué diffusé par des sites islamistes, la direction du réseau fondé par Ben Laden.

Cette décision n’est pas une surprise. En revanche, la désignation par intérim de Saïf al-Adel en était une. Au moment de cette annonce, le quotidien pakistanais The News avait avancé qu’il s’agissait de préparer l’arrivée d’un certain Muhammad Mustafa Yamni, dont on ne sait que très peu de choses. Finalement, il n’en a rien été. Intox? Comme la prise de commandement, même temporaire, de Saïf al-Adel?

Quoi qu’il en soit, dans son communiqué concernant la nomination d’al-Zawahiri, la direction d’al-Qaïda a fait savoir que l’organisation va continuer « le jihad contre les apostats qui agressent la terre d’islam, et à leur tête l’Amérique croisée et son acolyte Israël ». Et d’ajouter : « Nous les combattrons avec toutes nos capacités et nous exhortons la nation (islamique) à les combattre (…) par tous les moyens possibles jusqu’à l’expulsion de toutes les armées d’invasion de la terre d’islam et l’instauration de la charia ».

Le texte appelle à « la libération de l’ensemble de la Palestine » et exprime le soutien d’al-Qaïda « au soulèvement des peuples musulmans » en Egype, au Maroc, en Tunisie, en Libye, au Yémen et au Maroc, afin « d’éliminer les régimes corrompus et injustes imposés par l’Occident ». L’organisation a rappelé sa disposition à « coopérer avec tous les groupes islamiques » pour faire « triompher la charia » et a assuré le mollah Omar de poursuivre son action « sous son commandement (…) pour repousser l’occupation américaine croisée » en Afghanistan.

Quant à Ayman al-Zawahiri, beaucoup moins charismatique que Ben Laden et plus porté sur la théorie que sur l’action, il reste à voir s’il pourra imposer son autorité aux militants d’al-Qaïda.

Issu d’une famille de notables égyptiens, al-Zawahiri, qui est aussi un médecin, a fait ses premières armes au sein des Frères musulmans avant de devenir l’un des responsables de l’organisation du Jihad islamique en Egypte.

Arrêté pour avoir participé au complot ayant tué le président Anouar el-Sadate, en 1982, al-Zawahiri est condamné à trois ans de prison. « Nous sommes le vrai front islamique contre le sionisme, le communisme et l’impérialisme ! Nous avons subi des traitements inhumains ! Nous n’oublierons jamais ! » clame-t-il lors de son procès. Cependant, au cours de sa détention, il livre un nom, celui d’Issam el-Qamari, qui était son ami et son modèle.

Une fois libéré, al-Zawahiri prend la route du Pakistan, où il rencontre Ben Laden, avec lequel il fonde une organisation pour les combattants anti-soviétiques en Afghanistan. Plus tard, il suit celui qui deviendra le chef d’al-Qaïda jusqu’au Soudan, en 1992. Là, leurs routes se séparent une première fois, leurs objectifs n’étant pas communs.

En effet, Ben Laden veut lancer une guerre sainte globale, tandis qu’al-Zawahiri souhaite le renversement du régime de Moubarak. Mais ses différentes tentatives en Egypte échouent, par manque de moyens.

En 1998, il se rallie alors à Ben Laden et signe le manifeste d’al-Qaïda, dont il devient le principal idéologue. Trois ans plus tard, il publie un livre, « Cavaliers sous l’étendard du Prophète », dans lequel il expose ses théories et s’en prend aux réformistes de l’islam. Devenu le lieutenant du terroriste saoudien, on lui prêtait jusqu’à présent un rôle prépondérant dans l’organisation. Mais selon les documents saisis par les forces spéciales américaines à Abbottabad, il semblerait que cela ait été abusif.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il a été beaucoup plus présent médiatiquement parlant que Ben Laden au cours des ces dernières années. Il s’en est ainsi pris plusieurs fois à la France, lors d’enregistrements audiophoniques régulièrement diffusés par les sites proches de la mouvance radicale.

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