L’Eurofighter, ce gouffre financier
Certains regrettent le choix fait par le France de ne pas participer au programme Eurofighter et de pousser le Rafale. Sans doute changeront-ils d’avis après avoir pris connaissance de l’avis du National Audit Office, l’équivalent britannique de la Cour des comptes française, au sujet des surcoûts engendrés par le développement de cet appareil.
Ainsi, et alors que l’Eurofighter présente des insuffisances opérationnelles, le NAO a estimé que ce programme a coûté aux finances publiques britanniques la coquette somme de 37 milliards de livres, au lieu des 20,2 milliards initialement estimés.
Au final, un exemplaire de l’Eurofighter Typhoon revient 75% plus cher que prévu au contribuable britanniques. Et encore, la commande de la Royal Air Force a été réduite de 72 unités, pour atteindre les 160 appareils, justement en raison de la hausse des coûts de développement et d’exploitation.
Même s’il est performant pour les missions de surveillance aérienne, l’Eurofighter Typhoon n’est pas taillé pour l’attaque au sol. Selon le NAO, il faudrait 560 millions de livres de plus pour l’adapter à ce type d’opérations à l’horizon 2018. Rappelons que ce n’est pas le cas pour le Rafale, qui est un avion vraiment multi-rôles…
Pour le NAO, ce dérapage des coûts est due à l’architecture industrielle du programme Eurofighter, formée par EADS (46%), BAE Systems (33%) et Finmeccanica (21%). L’instance britannique met l’accent sur l’absence de coordination entre les pays clients, ainsi que sur le mode d’assemblage des appareils (ses éléments sont construits par chacune des parties), ce qui aurait coûté plus de 2 milliards de livres.
Autre aspect soulevé par le NAO : l’indisponibilité fréquente de l’appareil, en raison de problèmes liés à l’approvisionnement en pièces détachées. Et l’on pourrait également ajouter le coût d’exploitation de l’Eurofighter. Selon le magazine allemand Der Spiegel, l’heure de vol coûterait en effet deux fois plus cher que prévue, avec près de 74.000 euros par heure.
Cela étant, il n’en reste pas moins que cet avion s’est vendu à l’exportation… Contrairement au Rafale. Et le directeur général du consortium Eurofighter, Enzo Casolini, a récemment fait savoir qu’il s’attendait à vendre 250 avions au cours des 10 prochaines années.