Le chef d’escadron Matelly conteste sa radiation de la gendarmerie

Radié de la gendarmerie nationale après la signature d’un décret du président de la République pour avoir manqué à son devoir de réserve en critiquant publiquement le rapprochement entre la police et son institution, le chef d’escadron Jean-Hugues Matelly a déposé, ce 26 mars, un référé devant le Conseil d’Etat pour contester la décision qui a été prise à son égard.

Selon l’ancien officier de gendarmerie, il s’agit de « sauvegarder une liberté fondamentale », c’est à dire la « liberté d’expression », a-t-il confié au quotidien Metro. Bien que son statut militaire lui impose un devoir de réserve, Jean-Hugues Matelly prend l’exemple des « pays démocratiques comme chez les Anglos-saxons » où des « généraux n’hésitent pas à prendre des positions très officielles, qui ne sont pas la ligne du gouvernement ». Et d’enfoncer le clou : « Quelque part, la France est très très en retard en terme d’expression des militaires, alors que c’est elle-même qui a inventé la notion du ‘soldat citoyen' ».

Pour autant, Jean-Hugues Matelly ne se fait pas beaucoup d’illusion quant au résultat de la procédure qu’il vient de lancer. Mais pour le moment, l’ancien officier est sans emploi. Chercheur au CNRS – et c’est en cette qualité qu’il s’était exprimé au sujet de la politique gouvernementale – il a démissionné de cet organisme en janvier 2009.

Cela étant, la radiation de Jean-Hugues Matelly provoque quelques remous au sein de la communauté des gendarmes. Ainsi, le mensuel « L’Essor de la Gendarmerie », qui revendique 35.000 lecteurs et qui se veut une publication indépendante, a dénoncé « une sanction d’un délit d’opinion qui rappelle aux militaires en règle générale et aux gendarmes en particulier que, sous la Ve République comme au temps de Fouché sous l’Empire, ils n’ont que le droit de se taire ».

Quant à l’association Gendarmes et Citoyens, dont Jean-Hugues Matelly est très proche, elle estime, par voie de communiqué, que cette sanction est « particulièrement lourde et disproportionnée pour un manquement au devoir de réserve » et qu’elle est « plus que discutable ». Par ailleurs, elle constate que « cette décision, qui suit directement les dernières élections, ne peut être qu’un acte politique en forme d’avertissement du pouvoir à l’égard » des gendarmes.

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