Gaza : appel de Ben Laden à la guerre sainte

Alors que la date de la cérémonie d’investiture de Barack Obama approche, Oussama Ben Laden, le chef du réseau al-Qaïda, est sorti du silence qu’il avait observé depuis le mois de mai dernier, en diffusant, via le site As-Sahab, un message radiophonique.

Ainsi, et sous réserve que sa voix soit authentifiée, Ben Laden a apostrophé le prochain président américain, sans toutefois le nommer, en insistant sur la situation qu’il trouvera une fois installé à la Maison Blanche.

« C’est très difficile pour un homme d’hériter (…) d’une longue guérilla face à un adversaire patient et têtu » a déclaré le chef terroriste. »S’il se retire de la guerre, c’est une défaite militaire. Et s’il continue, il plonge dans une crise économique », a-t-il ajouté.

« Nous suivons notre voie pour ouvrir d’autres fronts, avec la bénédiction de Dieu » a encore menacé Ben Laden. Et parmi ceux-ci figure la bande de Gaza où l’armée israélienne mène une offensive pour faire plier le Hamas et mettre un terme aux tirs de roquettes qui s’abattent régulièrement dans le sud d’Israël.

« Le seul moyen solide d’aboutir au retour d’Al-Aqsa et la Palestine, c’est la guerre sainte sur le chemin de Dieu » a déclaré Ben Laden. « Le devoir, c’est d’appeler le peuple à la guerre sainte et d’enrôler la jeunesse dans les brigades du djihad » a-t-il avancé. « Nation de l’Islam, vous êtes capable de battre l’entité sioniste avec vos capacités populaires et votre grande force cachée, sans le soutien des dirigeants (sous-entendu, arabes) » a-t-il ajouté.

Le chef d’al-Qaïda s’en est pris justement aux gouvernements des pays arabes, qu’il accuse « d’esquiver leurs responsabilités » au sujet du problème palestinien. « Si vous n’êtes pas décidés à combattre, alors ouvrez la voie à ceux qui sont convaincus » leur a-t-il lancé.

Pour Gordon Johndroe, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, ce message de Ben Laden « démontre son isolement et ses tentatives répétées pour exister à un moment où l’idéologie d’al-Qaïda, sa mission et son programme sont remis en question et contestés dans le monde entier. (…) Cela ressemble aussi à un effort pour récolter des fonds dans le cadre de leur campagne de propagande en cours » tant il est vrai que, jusqu’à présent, les dirigeants du réseau islamiste n’avaient pas montré un grand intérêt pour le sort des Palestiniens.

Cependant, certains n’ont pas attendu l’appel à la guerre sainte de Ben Laden pour aller se battre à Gaza. Ainsi, un djihadiste saoudien, Abou Mohammad al-Merri, a été tué lors de l’offensive israélienne. Sa mort a été annoncée par des sites proches de la mouvance islamiste radicale qui l’ont qualifié de « martyr ». Il semblerait que cet ancien combattant de Tchétchénie et d’Afghanistan se soit infiltré dans le territoire palestinien à la mi-décembre.

Ce cas ne serait pas isolé. En mai 2003, déjà, un kamikaze en possession d’un passeport britannique, Asif Mohammed Hanif, s’était fait exploser à Tel-Aviv. Son complice, venant également de Grande-Bretagne, n’avait pas eu le temps de l’imiter. Actuellement, il n’y aurait, selon toute vraisemblance que quelques dizaines de combattants étrangers aux côtés du Hamas. Certains d’entre eux sont d’origine yéménite (un imam de ce pays, Cheikh Abdel Majid al-Zandani, ayant appelé à rejoindre Gaza), d’autres, du Soudan, d’Egypte ou de l’ancien camp islamiste de Nahr el-Bared, démantelé par l’armée libanaise en 2007.