Vaincue militairement, la Géorgie attaque sur la scène diplomatique

 

Un char géorgien détruit

Contrainte par l’armée russe de se replier d’Ossétie du Sud mais également des gorges de Kodori, près de l’Abkhazie, la Géorgie peut compter sur le soutien sans faille des Etats-Unis, mais aussi sur celui de pays ayant appartenu à l’ancienne zone d’influence de Moscou avant la chute du mur de Berlin.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, et surtout depuis l’arrivée au pouvoir du pro-occidental Mikheïl Saakachvili, Washington et Tbilissi ont resseré leurs liens, l’un en raison de la situation géographique de la Géorgie qui en fait une zone stratégique de transit des approvisionnements énergétiques, notamment avec l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), l’autre à cause de sa volonté de s’affranchir de la tutelle pesante de Moscou.

Ainsi, les Etats-Unis ont lancé une coopération militaire avec la Géorgie alors que dans le même temps, les Russes évacuaient les deux bases qu’ils occupaient dans le pays, plus précisément à Batoumi et à Akhalkaleki. Outre une aide financière d’un montant de plusieurs dizaines de millions dollars pour rééquiper l’armée géorgienne, Washington a également envoyé des marines pour entraîner deux brigades. Une troisième a été formée par un autre pays membre de l’Otan, à savoir la Turquie.

Par conséquent, le président Saakachvili peut se reposer sur Washington, qui d’ailleurs, depuis le début de la crise, fait preuve de fermeté à l’égard de Moscou, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU. Quant à l’Alliance atlantique, à laquelle la Géorgie souhaite adhérer, contre la volonté de Moscou, son secrétaire général Jaap de Hoop Scheffer a estimé que l’arrêt des opérations militaires russes était « un premier pas important » mais « pas suffisant ».

Pourtant, même si elle est soutenue par les Etats-Unis, la candidature de Tbilissi divise les pays membres. Cependant, la Géorgie s’est clairement rangée du côté de l’Alliance en demandant son assistance militaire pour remplacer ses radars détruits par les raids de l’aviation russe et en annonçant dans le même temps son retrait de la la Communauté des Etats Indépendants (CEI), qui regroupe, sous le patronnage de la Russie, une quinzaine de pays de l’ancienne Union soviétique.

La Géorgie est par ailleurs soutenue par les Etats Baltes, la Pologne et l’Ukraine, c’est à dire par des pays qui ont subi la tutelle russe pendant la guerre froide et qui ne perdent pas une occasion pour défier Moscou, du moins par les mots. Ainsi, les dirigeants de ces pays se sont rendus à Tbilissi, mardi soir, pour afficher leur soutien. Ces derniers ont considéré que l’offensive russe trahissait la volonté de Moscou « à rétablir sa domination » et bien que ces Etats soient membres de l’Union européenne (hormis l’Ukraine), la crainte de subir ce qu’a vécu la Géorgie ne s’est pas éteinte. « Nous ne pouvons pas nous permettre qu’un second Munich se reproduise, quand la communaité internationale s’est effacée devant Hitler », a ainsi justifié le président lituanien, Valdas Adamkus, en faisant allusion à l’annexion de la région des Sudètes par l’Allemagne en 1938.

Accusée de « nettoyage éthnique » par les autorités russes pour justifier leur intervention militaire en Ossétie-du-Sud, la Géorgie a porté plainte contre Moscou auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour le même motif, à savoir « pour des actes présumés de nettoyage éthnique conduits sur le territoire souverain géorgien entre 1993 et 2008. » La Russie compte faire la même démarche. Sur ce terrain là, Tbilissi a gagné une première manche en obtenant un avis en sa faveur émis par la Cour européenne des droits de l’homme, qui a appelé Moscou à « s’abstenir de la moindre mesure susceptible de menacer la vie ou l’état de santé des populations civiles. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]