La Géorgie et la Russie acceptent le plan de paix proposé par l’UE

La ville géorgienne de Gori, vidée de 80% de ses habitants, a de nouveau été bombardé mardi lors d’un raid russe qui a tué 5 civils, dont un journaliste néerlandais. Cependant, alors que le président Saakachvili avait laissé entendre Tbilissi était menacée par les troupes russes, les autorités géorgiennes ont fini par admettre au cours de la nuit de lundi à mardi qu’il n’en était rien.

Cela étant, les soldats russes se sont néanmoins livrés à de brèves incursions en territoire géorgien pendant que les miliciens abkhazes envahissaient les gorges de Kodori, après le retrait des troupes géorgiennes qui en avaient le contrôle jusque-là.

A 13.00, le président russe, Dmitri Medvedev, a fini par annoncer l’arrêt des opérations militaires en Géorgie. « L’objectif est atteint. L’agresseur est puni », a-t-il ainsi declaré. Seulement, le commandement russe a fait savoir que ses troupes resteraient sur les positions qu’elles occupaient, à savoir l’aéroport géorgien de Senaki et les deux provinces séparatistes.

Pour autant, et malgré l’annonce de la fin des opérations militaires par le président Medvedev, les autorités géorgiennes ont accusé les Russes d’avoir bombardé deux villages « en dehors de l’Ossétie » et d’avoir visé un oléoduc. Moscou a qualifié ces allégations de « provocations verbales ».

Le bilan du conflit est encore assez difficile à déterminer de manière indépendante. Les seuls chiffres disponibles sont ceux donnés par le Haut-Comité aux réfugiés (HCR) concernant les populations déplacées. Ainsi, 100.000 personnes ont été contraintes de quitter leur domicile. Environ 30.000 d’entre elles ont trouvé refuge en Ossétie du Nord et en Russie, 12.000 sont néanmoins restées en Ossétie du Sud tout en fuyant les zones de combat. Enfin, le reste concerne surtout la population géorgienne, surtout celle de la ville de Gori, qui s’est déplacée vers la capitale, Tbilissi.

Sur le front diplomatique, la journée a été marquée par la médiation de Nicolas Sarkozy, mandaté par l’Union européenne. Le président français s’est rendu dans un premier temps à Moscou où il a rencontré son homologue russe, Dmitri Medvedev, ainsi que le chef de son gouvernement, Vladimir Poutine. Après plus de trois heures de discussion, les deux chefs d’Etat ont détaillé les « six principes » du plan de cessez-le-feu qualifié avec prudence de « provisoire » par Nicolas Sarkozy, mais qui a vocation a devenir définitif.

Ainsi, le document présenté et accepté par la Russie prévoit le non recours à la force « entre les différents protagonistes », ce qui concerne aussi bien la Russie, la Géorgie et ses provinces séparatistes, « l’accès libre à l’aide humanitaire », la cessation définitive de « toutes les hostilités », « le repli des forces géorgiennes dans leur lieu habituel de cantonnement », les troupes russes devant se retirer « sur une ligne antérieure au début des hostilités », selon le président Sarkozy, qui a également ajouté que « les forces de paix russe mettront en oeuvre les mesures additionnelles de sécurité » en Ossétie du Sud, « en attendant un mécanisme international. »

Le président Sarkozy s’est ensuite rendu à Tbilissi pour rencontrer le président Mikheïl Sakaachvili, auquel il lui a soumis le document discuté plus tôt à Moscou. Une seule disposition du plan de paix a fait l’objet d’une modification. Ce point, portant sur l’ouverture de discussions internationales sur l’avenir de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie évoquait initialement le « statut futur » des deux régions séparatistes, ce qu’a refusé le chef d’Etat géorgien. « Nous retirons donc l’expression ‘statut futur’ des deux républiques autoproclamées, a expliqué le président Sarkozy. Il est donc désormais question « d’ouverture de discussions internationales sur les modalités de sécurité et de stabilité en Abkhazie et en Ossétie », ce qui a été accepté par Dmitri Medvedev.

Cependant, aussi bien Moscou que Tbilissi ont donné seulement qu’un accord de principe à ce plan de paix, ce qui signifie qu’aucune des deux capitales ne l’a encore signé. « Il s’agit d’un document politique. C’est un accord de principes (…) et je pense que nous avons une totale convergence de vue », a déclaré le chef d’Etat géorgien. « On n’est pas encore à la paix mais on est à la cessation provisoire des hostilités, ce qui est, chacun voudra bien le noter un progrès sensible », a déclaré le président Sarkozy alors qu’il se trouvait aux côté de Dmitri Medvedev. Par ailleurs, il est question d’envoyer, en Abkhazie et en Ossétie du Sud, des observateurs européens, ce qui pourrait ne pas être du goût de Moscou.

Du côté de Washington, l’action de la Russie contre la Géorgie a été une nouvelle fois sévèrement critiquée. Dans un premier temps, les Etats-Unis ont annoncé l’annulation de leur participation à des manoeuvres navales conjointes avec les marines russes, britanniques et françaises, prévues en août dans l’océan Pacifique. Pour sa part, la secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice, a estimé que « la réputation internationale de la Russie et le rôle qu’elle peut jouer au sein de la communauté internationale sont grandement en jeu dans cette affaire. Elle a en outre appelé Moscou à « faire marche arrière » et à « démontrer qu’elle essaie de se comporter conformément aux principes du XXIe siècle. »

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