3e RPIMa : Les zones d’ombre d’un drame

Selon le procureur de la République de Montpellier, Brice Robin, le sergent, à l’origine de l’incident qui a fait 17 blessés lors d’une démonstration du Groupe de commandos parachutistes du 3e RPIMa à Carcassonne, aurait agi « involontairement », par « maladresse » et « absolument pas de manière préméditée ». Cependant, le militaire, qui passe pour quelqu’un de « fiable et stable », aurait « violé les règles de sécurité » et devrait être présenté à un juge d’instruction mardi.

Pour le colonel Benoît Royal, le chef du Sirpa Terre, cet incident serait « à 99,9% une faute non volontaire due à un mélange de munitions réelles et à blanc ». Par ailleurs, l’officier a détaillé les trois cas où des munitions à balles réelles sont délivrées : les exercices où il est prévu qu’elles soient utilisées, les gardes « autour de points sensibles » et les patrouilles « vigipirate ».

Cependant, plusieurs questions restent posées :

– Comment des cartouches à blanc ont-elles pu être mélangées avec des munitions réelles?

D’après le procureur de la République de Montpellier, les munitions en question proviendraient d’un « résidu de tirs d’une opération datant de fin juin ». Si l’on admet qu’un soldat ait pu récupérer des cartouches « réelles », pourquoi les aurait-il emmenées avec lui lors de cette journée au lieu de les laisser chez lui?

– Comment confondre des cartouches à blanc avec des munitions de guerre?

Un militaire qui a de l’expérience ne peut pas confondre », a expliqué Hervé Morin, le ministre de la Défense, au micro de France Info, lundi matin. En effet, la confusion qui a été faite entre des cartouches à blancs et des munitions de guerre est inexplicable, étant donné qu’il y a des différences notables, notamment au niveau de la couleur et du poids. A moins qu’elles aient été mélangées à l’intérieur même du chargeur en question.

– Bouchon de tir à blanc (BTB) ou pas?

Il y a trois modes de tir avec un Famas : le coup par coup, le semi-automatique (3 cartouches par 3) et l’automatique.

Pour tirer « à blanc » en mode automatique et semi-automatique, on utilise un « bouchon de tir à blanc » (BTB). Le BTB régule les gaz qui s’échappent lors du tir, ce qui évite de réarmer pour tirer à nouveau une autre cartouche à blanc.

Sans BTB, on ne peut donc tirer des cartouches à blanc qu’au coup par coup. Par conséquent, les Famas utilisés lors de la démonstration étaient tous munis – en principe – de ce dispositif que l’on fixe au bout du canon de l’arme.

Bouchon pour tir à blanc d'un Famas

Selon Hervé Morin, le tireur avait auparavant vidé son chargeur de cartouches à blanc avant de mettre en place un second contenant les munitions réelles.

Sachant qu’il est impossible de tirer des cartouches réelles avec un BTB (sans quoi, l’arme devient inutilisable, et cela peut, en plus, générer des blessures pour le tireur), il est difficilement compréhensible que 17 personnes aient été touchées par le tir, sauf à considérer que le Famas du tireur avait perdu pour une raison inconnue son BTB, ce qui ferait un enchaînement de deux circonstances malheureuses ou qu’il ait auparavant tiré ses cartouches à blanc au coup par coup avant de recharger son arme.

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