Boeing reprend espoir
Les avions ravitailleurs de l’US Air Force sont tout aussi âgés, sinon plus, que ceux actuellement en service dans l’armée de l’Air française. Les discussions portant sur leur remplacement ont été ouvertes en 2001.
Dans un premier temps, en 2003, Boeing, avec son B-767 modifié, avait remporté ce marché juteux qui représente plusieurs centaines d’appareils. Seulement, le contrat avait été annulé un an plus tard par un vote du Congrès, les résultats de l’enquête d’une commission parlementaire ayant mis en évidence des irrégularités au cours de la procédure de l’appel d’offres.
En septembre 2005, la compétition entre Boeing et EADS associé à un autre avionneur américain, Northrop Grumman, est de nouveau ouverte. Le concurrent du KC-767 sera l’Airbus A-330 MRTT (KC-45 pour les Etats-Unis). Le 29 février dernier, c’est finalement cet appareil qui finit par s’imposer, au grand dam de Boeing qui comptait sur ce contrat pour donner un second souffle à son B-767 avec une version militarisée et pour aussi mettre un terme au échecs successifs que la firme avait enregistré dans le domaine des avions militaires, Lookheed Martin ayant remporté la mise avec le F-35 « Joint Strike Fighter ».
Le contrat remporté par EADS et Northrop Grumman, d’un montant de 35 milliards de dollars pour 179 appareils a donc été immediatement contesté par Boeing. Bien que les vainqueurs de l’appel d’offres ont précisé que les avions seraient fabriqués aux Etats-Unis, leur concurrent malheureux s’est vu soutenir par le Parti démocrate, au nom de la défense de l’emploi américain.
Le moyen trouvé par Boeing pour remettre en cause la décision du Pentagone a été de saisir le Governement Account Office, c’est à dire l’équivalement américain de la Cour des comptes françaises. Cet organisme, qui n’a qu’un pouvoir de recommandation, a donc rendu mercredi soir ses conclusions concernant cette affaire et moins que l’on puisse dire est qu’elles ont de quoi redonner l’espoir aux dirigeants de Boeing.
En effet, la liste des points litigieux de l’appel d’offres recensés par le GAO explique sa recommandation faite à l’US Air Force « d’obtenir des propositions révisées, de réévaluer les propositions et de prendre une nouvelle décision sur la sélection de son fournisseur » du futur avion ravitailleur et son soutien au recours de Boeing. Selon le GAO, l’aviation américaine « a commis un nombre significatif qui ont pu affecter le résultat d’une compétition serrée entre Boeing et Northrop Grumman. »
Parmi les fautes relevées, le GAO estime que l’US Air Force a faussé l’appel d’offres en n’ayant pas évalué « les mérites comparés des deux propositions conformément aux critères d’évaluation identifiés » contenus dans la cahier des charges soumis aux deux constructeurs en compétition. Il est également reproché à l’aviation américaine d’avoir mené des « discussions trompeuses et inégales avec Boeing » et d’avoir mal comparé l’estimation des coûts de chacune des deux offres.
Pour l’instant, le porte-parole de l’US Air Force a indiqué que le rapport du GAO était en train d’être étudié. Mais, en ces temps de campagne présidentiel outre-Atlantique, la pression est forte pour qu’un nouvel appel d’offres soit de nouveau lancé. C’est notamment le souhait de Barack Obama, le candidat démocrate, mais aussi de son concurrent républicain, John McCain, dont les adversaires se plaisent à souligner le rôle qu’il a joué dans l’annulation du premier appel d’offres.
Cette affaire ayant pris une tournure politique, il est donc probable que le choix du futur avion ravitailleur – si jamais la compétition est à nouveau ouverte – ne soit reporté qu’après les élections de novembre prochain alors que l’US Air Force a tout intérêt à ce que dossier soit réglé au plus vite.