La connexion belge

Le démantèlement par les services de sécurité marocains, la semaine dernière, d’un réseau de terroristes islamistes, a eu des conséquences inattendues dans la mesure où il a permis d’élucider une série d’assassinats commis entre 1986 et 1989 en Belgique.

En effet, chef du groupe qui a été neutralisé, Abdelkader Belliraj, alias « Ilyass » et « Abdelkrim », né en 1957 au Maroc mais bénéficiant de la nationalité belge, serait l’auteur de ces six crimes si l’on en croit le ministre de l’Intérieur marocain, Chakib Benmoussa.

Belliraj serait ainsi le responsable, entre autres, des meurtres de Joseph Wibran, le président des organisations juives de Belgique, du recteur de la grande mosquée de Bruxelles et celui de son adjoint, qui avaient eu le tort de protester contre la fatwa que Khomeyni avait lancé contre l’écrivain Salman Rushdie au moment de la publication des « Versets sataniques » ou encore d’un chauffeur égyptien, tué devant l’ambassade d’Arabie Saoudite.

A l’époque, ces assassinats avaient été attribués au groupe palestinien d’Abou Nidal, puis à des activistes du Hezbollah agissant pour le compte de l’Iran. Seulement, ces pistes n’avaient amené à rien, faute de preuves tangibles.

De plus, Belliraj aurait avoué aux policiers marocains son implication dans des affaires de banditisme en Belgique. Il aurait participé, en 2005; à un vol de diamants à l’aéroport de Bruxelles-National. Un autre membre de son réseau, Abdelatif Bekhti, également arrêté dans le coup de filet des forces de sécurité marocaines, a participé en 2000 au braquage d’un fourgon de la Brink’s au Luxembourg. Arrêté puis condamné à 20 ans de prison, il avait néanmoins réussi à s’évader en 2003.

Ces activités de grand banditisme auraient ainsi permis de financer le réseau de Belliraj, qui blanchissait l’argent volé en investissant dans le tourisme ou qui l’écoulait au Maroc.

La police belge, un temps circonspecte devant les révélations faites par Belliraj aux policiers marocains, a envoyé des enquêteurs à Rabat afin de mieux comprendre le parcours du terroriste. Ce dernier vivait d’ailleurs dans la région de Gand sans attirer l’attention.

L’enquête concernant le réseau de Belliraj, crée depuis 1992, a mis en lumière des liens avec Al Qaida, le GSPC algérien (devenu Al Qaida au maghreb islamique) et le Groupe islamique combattant marocain. D’autres connexions, plus inattendues, ont été découvertes. Elles impliqueraient en effet des responsables de partis islamiques modérés.

Les perquisitions effectuées au domicile des membres présumés du réseau ont permi aux policiers de mettre la main, à Nador et à Casablanca, sur d’importants stocks d’armes et de munitions. Selon M. Benmoussa, le groupe terroriste préparait des attentats visant la communauté juive marocaine, ainsi que des personnalités politiques et militaires. Au final, la police du royaume sherifien a arrêté 35 personnes.

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