Golfe persique : L’Arabie Saoudite et les Émirats rejoignent l’opération navale américaine « Sentinel »

Si les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Arabie Saoudite n’hésitèrent pas à attribuer le sabotage de plusieurs pétroliers près du détroit d’Ormuz aux Gardiens de la révolution iraniens, les Émirats arabes unis jouèrent la carte de la modération à l’endroit de l’Iran.

En outre, au Yémen, où ils sont engagés militairement dans une coalition placée sous commandement saoudien et soutenant le président Abd Rabbo Mansour Hadi contre les rebelles Houthis [appuyés au moins politiquement par Téhéran, ndlr], les Émirats arabes unis annoncèrent le retrait partiel de leurs forces terrestres. Retrait à nuancer étant donné qu’ils disposaient encore de relais sur le terrain, via les milices locales qu’ils contribuèrent à former et à équiper. Reste que cette annonce fut regardée par certains comme étant une volonté de la part d’Abu Dhabi de calmer les tensions dans la région.

Puis, plus récemment, il y eut quelques turbulences au sein de la coalition arabe quand les Émirats furent accusés par le gouvernement légal yéménite d’avoir soutenu, à Aden, les troupes du Conseil de transition du Sud [STC], un mouvement séparatiste implanté dans le sud du pays.

Mais, visiblement, les attaques qui, revendiquées le 14 septembre par les rebelles Houthis, ont visé l’usine d’Abqaiq et le champ pétrolier de Khurais, en Arabie Saoudite, ont conduit les Émirats arabes unis à revoir leurs positions. Pour rappel, si des responsables américains ont accusé l’Iran d’avoir mené ces frappes depuis son territoire, les autorités saoudienne se sont contentées d’affirmer qu’elles avaient été « parrainées » par Téhéran.

Quoi qu’il en soit, les Émirats arabes unis et l’Arabie Saoudite ont resserré les liens. Ainsi, le 18 septembre, le ministre émirati des Affaires étrangères, Anwar Gargash, a assuré qu’Abu Dhabi et Riyad partageaient des « vues identiques » sur le conflit au Yémen.

C’est donc dans ce contexte que la coalition dirigée par Riyad a annoncé, ce 20 septembre, avoir détruit quatre positions tenues par les rebelles Houthis dans les environs de la ville portuaire d’Hodeida, située dans l’ouest du Yémen, non loin du détroit de Bab el Mandeb, qui sépare la mer Rouge de l’océan Indien.

Or, le 13 décembre 2018, en Suède, et sous l’égide de l’ONU, le gouvernement yéménite et la rébellion Houthis trouvèrent un accord sur le retrait de leurs troupes respectives d’Hodeida.

Seulement,les rebelles Houthis continuent d’occuper les installations portuaires de la ville, alors que l’accord prévoyait d’en confier le contrôle à des forces neutres.

« Les raids intensifs sur Hodeida sont une grave escalade de nature à dynamiter l’accord de Suède », a cependant commenté Mohammed Abdessalem, l’un des responsables des rebelles Houthis. « La coalition sera tenue responsable des conséquences de cette escalade et la position des Nations unies à ce propos sera observée avec attention », a-t-il averti, avant d’accusé la coalition d’empêcher les navires de décharger leurs cargaisons dans le port d’Hodeida. Cela équivaut à « un acte de guerre et à une agression », a-t-il dit.

De son côté, la coalition arabe a expliqué que les frappes avaient été décidées après une tentative des rebelles houthis de « commettre un acte hostile et terroriste imminent dans le sud de la mer Rouge en utilisant un bateau piégé télécommandé […] depuis le gouvernorat de Hodeida. » Et d’expliquer qu’elle avait donc détruit quatre positions qui, situées au nord de la ville, servaient à la rébellion pour « assembler des bateaux télécommandés et des mines marines » et donc représentaient une menace pour le trafic maritime dans le détroit de Bab el-Mandeb?

Pour le moment, on ignore si les Émirats arabes unis, dont le territoire a été menacé d’être pris pour cible par les rebelles Houthis, ont participé à ces frappes de la coalition près d’Hodeida.

En attendant, et comme le fit, la veille, l’Arabie Saoudite, ils ont annoncé leur intention de rejoindre l’opération navale américaine « Sentinel ». Lancée en août avec la participation du Royaume-Uni, de l’Australie et de Bahreïn, cette dernière vise à assurer la protection de la navigation maritime dans les détroits d’Ormuz et de Bab el-Mandeb, après les sabotages de pétroliers et l’arraisonnement de plusieurs navires – dont un battant pavillon britannique – par l’Iran.

L’annonce de cette participation des Émirats à l’opération Sentinel a été faites par Mohammed al-Zaabi, le directeur du département de la coopération internationale pour la sécurité du ministère émirati des Affaires étrangères. Elle « vient en soutien des efforts régionaux et internationaux visant à décourager les menaces qui pèsent sur la navigation maritime et le commerce mondial », a-t-il expliqué.

L’Arabie Saoudite a usé des mêmes argument. « L’adhésion du royaume [saoudien] à cette alliance internationale va dans le sens des efforts régionaux et internationaux visant à dissuader et à contrer les menaces pesant sur la navigation maritime et le commerce mondial », a fait valoir Riyad.

Photo : Marine royale saoudienne

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