L’hélicoptère de transport lourd n’est pas une une priorité pour le chef d’état-major de l’armée de l’Air

Cela fait longtemps que le Commandement des opérations spéciales [COS] réclame des hélicoptères de transport lourd [HTL] pour élaborer de nouveaux modes d’action, que ce soit pour des missions de contre-terrorisme ou pour contrer les « menaces futures ». En 2014, un rapport du Sénat alla dans son sens, en suggèrant l’achat d’appareils – CH-47 Chinook ou CH-53 – d’occasion.

Puis, les opérations menées au Sahel ne firent que confirmer la pertinence d’une telle capacité. Capacité qui fut fournie à la force Barkhane par la Royal Air Force [RAF], avec trois CH-47D basés à Gao [Mali] ainsi que par la force aérienne danoise, avec le déploiement ponctuel de deux EH 101 « Merlin ».

La question d’acquérir de tels hélicoptères avait été évoquée lors de l’élaboration de la Loi de programmation militaire 2019-25, l’armée de l’Air [et de l’Espace] ayant envisagé de s’en procurer… avant d’y renoncer. Ce qui suscita un commentaire ironique de la part du général Jean-Pierre Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], en septembre 2018.

Cependant, nommé chef d’état-major de l’armée de l’Air à la même époque, le général Philippe Lavigne se montra plus ouvert sur cette question, allant jusqu’à envisager la location d’hélicoptères de transport lourd et de nouer une coopération avec des forces aériennes qui en étaient alors dotées. Il fut même question d’acquérir des MH-47G dans le cadre d’un « crédit-bail » fain de les « essayer avant de procéder à leur acquisition ». Mais ce projet n’a, à ce jour, pas connu de suite.

Qu’en sera-t-il pour la prochaine LPM [2024-29], dont les contours sont en train d’être définis? Étant donné la fin annoncée de l’opération Barkhane, le besoin d’une telle capacité sera probablement moins pressant que par le passé, même si elle pourrait être utile dans un engagement de haute intensité [il n’est pas rare de voir des CH-47D britanniques prendre part à des exercices en France] ou encore dans des missions de soutien à la population, lors de catastrophes naturelles par exemple.

Quoi qu’il en soit, l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] passera encore son tour. C’est en effet ce qu’a suggéré son actuel chef d’état-major [CEMAAE], le général Stéphane Mille, alors qu’il était interrogé sur ce sujet à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale.

« Quant à l’hélicoptère lourd, nous avons vu ce qu’il pouvait nous apporter en Afrique ou sur des terrains d’opération similaires. Qu’en est-il sur d’autres théâtres? Selon moi, mais ce n’est qu’un avis personnel, l’hélicoptère lourd n’est pas forcément une priorité », a en effet affrmé le CEMAAE.

Pourtant, un hélicoptère de transport lourd pourrait épauler l’avion de transport A400M et se substituer au Transall C-160, qui était capable d’opérer dans les endroits difficiles d’accès.

Quant à l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], qui pourrait être intéressée par une telle capacité, elle n’aurait sans doute pas assez de ressource pour la mettre en oeuvre et, surtout, l’entretenir. C’est, du moins, ce qu’avait expliqué le général Thierry Burkhard quand il était encore CEMAT, en octobre 2020. « L’arrivée d’hélicoptères de transport lourd nécessiterait de pouvoir les entretenir, de disposer de ressources de maintenance, et poserait la question de la soutenabilité du modèle » de l’ALAT, avait-il confié à Air&Cosmos.

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