L’Algérie prévoit de doubler ses dépenses militaires en 2023

En 2022, la ministère algérien de la Défense aura disposé d’un budget d’environ 9,8 milliards d’euros, soit l’équivalent de 6,5% du PIB. Avec de telles ressources, l’Algérie est le pays africian qui dépense le plus pour ses forces armées, loin devant le Nigéria [5,9 milliards], le Maroc [5,4 milliards] et l’Égypte [4,3 milliards], selon les dernières données publiées par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI].

Dans un rapport sur les enjeux de défense en Méditerranée, publié en février 2022, les desormais anciens députés Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer avaient souligné que, grâce à de tels investissements, les forces armées algériennes étaient montées en gamme, notamment dans le domaine naval.

Montée en gamme qui, selon eux, a permis la constitution de « capacités offensives hauturières », de « capacités de frappes dans la profondeur, y compris en Europe, avec six sous-marins Kilo dotés de missiles SS-N-30 Kalibr [dont la portée est limitée par rapport à ceux utilisés par la marine russe, nldr] et ses avions de chasse Su-30 MKA et Mig-25 PDA », de « capacités de tirs quasi-balistiques, avec le [missile] SS26 Iskander  » et de « capacités de déni d’accès et d’interdiction de zone en Méditerranée occidentale, à travers un dispositif de défense anti-aérienne composé de S-300 et prochainement S-400 et des systèmes perfectionnés de radars [notamment de type Rezonans], de brouillage et de guerre électronique ».

Visiblement, Alger n’entend pas en rester là. En effet, selon des informations de la presse locale, le budget du ministère algérien de la Défense devrait plus que doubler en 2023, pour atteindre les 23 milliards d’euros. C’est en effet la somme inscrite dans l’avant-projet de loi de finances pour la prochaine année… Et sur laquelle les députés algériens n’auront pas à se prononcer, les questions relatives à la défense et la diplomatie étant exclues du débat parlementaire, selon MenaDefense.

Quant à savoir comment une telle manne financière – rendue possible par la hausse du prix des hydrocarbures due à la guerre en Ukraine et aux difficultés d’approvisionnement des pays européens – sera dépensée, il est difficile de le savoir, les autorités algériennes étant très discrètes dès qu’il s’agit d’évoquer les projets d’armement [ce qui, d’ailleurs, donne lieu régulièrement à des rumeurs].

L’ampleur de cette hausse des dépenses militaires algériennes peut s’expliquer par le renforcement des forces armées royales marocaines, ces dernières ayant multiplié les acquisitions au cours de ces dernières années [hélicoptères d’attaque AH-64E Apache, F-16 Viper, CAESAr, drones, etc]. Et cela d’autant plus que les relations entre Alger et Rabat, notamment au sujet du Sahara occidentale, sont au plus bas, au point que d’aucuns s’inquiètent d’un risque de guerre. Par ailleurs, un autre élément à considérer est la révision constitutionnelle de novembre 2020, laquelle autorise désormais l’armée algérienne à se projeter au delà de ses frontières dans le cadre d’opérations de maintien de la paix.

Cela étant, d’après le rapport relatif aux enjeux de défense en Méditerranée, « l’Algérie n’a pas à ce stade de volonté de projection de puissance » et son « réarmement massif obéirait par conséquent à des finalités principalement dissuasives : signal stratégique à l’égard du rival marocain, protection du territoire, dans un contexte de forte préoccupation sécuritaire à ses frontières [Mali et Libye], préservation du prestige de l’armée et illustration de l’influence de cette dernière sur le pouvoir politique ».

Quoi qu’il en soit, il probable qu’Alger signe d’importants contrats d’armement dans les mois à venir. Soit auprès de Moscou… Soit auprès de Pékin.

« Sur le plan stratégique, l’Algérie a diversifié ses fournisseurs d’armement en s’équipant de manière croissante auprès d’industriels chinois comme en témoigne le fait que l’Algérie a représenté entre 2014 et 2018 11% des exportations chinoises d’armement tandis que la Chine constitue désormais, avec 15% des importations, le deuxième fournisseur de l’armée nationale populaire [ANP] », en effet relevé un récent rapport du Sénat, intitulé « La France face au jeu des puissances en Méditerranée ».

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