Mer Noire : Un Su-27 russe a tiré un missile près d’un avion espion RC-135 Rivet Joint de la Royal Air Force

Ces dernières années, plusieurs pays de l’Otan – en particulier la France, les États-Unis et le Royaume-Uni – ont régulièrement envoyé des avions de renseignement électronique ou de patrouille maritime] ainsi que des navires afin de documenter les capacités militaires déployées par la Russie dans la région de la mer Noire. Ce qui a pu donner lieu parfois à des incidents. Bien évidemment, de telles missions se sont poursuivies depuis le début de la guerre en Ukraine.

Généralement, les appareils de renseignement ainsi sollicités, bien que dépourvus d’armement, effectuent leur mission sans être escortés par des avions de chasse. Du moins était-ce vrai jusqu’au 18 octobre. Ce jour-là, en effet, deux Eurofighter Typhoon ont accompagné un RC-135 « Rivet Joint » de la Royal Air Force [RAF] dans l’espace aérien international de la mer Noire.

Ce nouveau mode opératoire est la conséquence d’un incident survenu trois semaines plus tôt. En effet, ce 20 octobre le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a raconté qu’un Su-27 Flanker russe avait tiré un missile air-air à proximité d’un RC-135 « Rivet Joint » de la RAF, alors celui-ci survolait la mer Noire lors d’une « mission de routine ».

D’abord, l’avion de renseignement a été intercepté par deux Su-27, comme cela arrive à chaque fois, dès lors qu’un vol militaire s’approche trop près de la Russie [et des territoires que celle-ci revendique]. « Cependant, l’un des Su-27 a tiré un missile [un Vympel R-27?] à proximité du Joint Rivet, au-delà de la portée visuelle », a en effet indiqué M. Wallace, précisant que l’interaction entre l’avion de la RAF et les chasseurs russes avait duré 90 minutes.

« À l’issue de cet engagement potentiellement dangereux, j’ai fait part de mes préoccupations directement à mon homologue russe [Sergueï Choïgou, ndlr]. Dans ma lettre, j’ai précisé que le RC-135 n’était pas armé, qu’il volait dans l’espace aérien international et qu’il suivait une trajectoire pré-notifiée. J’ai estimé qu’il était prudent de suspendre ces patrouilles jusqu’à ce qu’une réponse soit reçue par l’État russe », a ensuite expliqué le ministre britannique.

Selon ce dernier, la réponse russe lui est parvenue le 10 octobre. Et Moscou a assuré avoir mené une enquête sur les circonstances de cet incident… Enquête qui a conclu à un « dysfonctionnement technique » du Su-27. « Ils [les Russes] ont également reconnu que l’incident s’était produit dans l’espace aérien international », a précisé M. Wallace.

L’explication de Moscou peut-elle être satisfaisante, sachant que, par le passé, il y a eu des interactions « musclées » entre ses forces et celles de l’Otan, dans la région de la mer Noire? Ainsi, par exemple, en juin 2021, la marine russe avait dit avoir tiré des coups de semonce en direction du « destroyer » britannique HMS Defender, qui naviguait non loin de la Crimée… Cela étant, le départ intempestif d’un missile est plausible puisque c’est déjà arrivé par le passé, comme en 2018, lors d’un exercice entre des Eurofighter EF-2000 espagnols et des Mirage 2000-5 français en Estonie.

Quoi qu’il en soit, a poursuivi M. Wallace, les missions des RC-135 Rivet Joint de la RAF ont depuis repris, mais « sous l’escorte d’avions de chasse ». Et d’ajouter: « Tout ce que nous faisons est réfléchi et calibré au regard du conflit en cours dans la région et conformément au droit international ».

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