La Corée du Nord a probablement lancé son missile le plus puissant vers le Japon

Jamais, sans doute, un missile nord-corée n’a volé aussi haut et aussi loin. En effet, selon des données préliminaires communiquées par l’état-major sud-coréen, l’engin balistique lancé par Pyongyang dans la nuit du 3 au 4 octobre en direction du Japon aurait atteint l’altitude de 970 km et parcouru environ 4500 km à la vitesse de Mach 17 pour s’abîmer ensuite dans l’océan Pacifique, après avoir survolé l’île japonaise de Hokkaïdo, ce qui a contraint Tokyo a activé son système d’alerte J-Alert afin de mettre la population à l’abri.

Ce n’est pas la première fois que la Corée du Nord se livre à une telle manoeuvre. En 1998, sous couvert de vouloir mettre le satellite Kwangmyŏngsŏng-1, un missile Taeopondong-1, d’une portée d’environ de 2000 km, avait survolé Hokkaïdo, ce qui donna lieu à un incident diplomatique. L’effet de suprise passé, le président américain, qui était alors Bill Clinton, envoya un émissaire à Pyongyang pour réduire les tensions. Ce qui fut fait, après la réception du maréchal nord-coréen Jo Myong-rok à la Maison-Blanche.

Par la suite, et alors que Pyongyang développait son programme nucléaire, plusieurs missiles nord-coréens survolèrent de nouveau le Japon. Comme en septembre 2017, au plus fort des tensions entre la Corée du Nord et les États-Unis. À l’époque, l’engin, sans doute de type intercontinental et désigné « Hwasong-12 », qui passa au-dessus de Hokkaïdo avait atteint 770 km d’altitude et parcouru 3700 km. Puis, ayant obtenu l’ouverture de négociations avec Washington, Pyongyang se garda de récidiver par la suite… Du moins, jusqu’à maintenant, alors que les discussions diplomatiques sont au point mort.

Ce nouvel incident est survenu un peu plus de quarante-huit heures après que Washington, Canberra et Tokyo ont dit avoir pris l’engagement de renforcer leur coopération militaire face aux ambitions régionales chinoises.

Ainsi, le 1er octobre, ayant dénoncé « les modifications unilatérales du statu quo par la force de la Chine en mer de Chine méridionale et orientale » ainsi que les récents tirs de missiles nord-coréens, le ministre nippon de la Défense, Yasukazu Hamada, a expliqué qu’il s’agirait de « renforcer nos capacités de dissuasion et de réaction dans la région ».

Par ailleurs, le 30 septembre, les forces navales japonaises, sud-coréennes et américaines ont pris part à un exercice de lutte anti-sous-marine, ce qui ne s’était plus vu depuis cinq ans.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau tir de missile nord-coréen – sans doute un Hwasong-12, selon M. Hamada – a été fermement condamné par Tokyo, « Il s’agit d’un acte de violence qui fait suite aux récents tirs répétés de missiles balistiques », a fait valoir Fumio Kishida, le Premier ministre japonais.

À Séoul, le président Yoon Suk-yeol a qualifié ce tir de « provocation », violant « clairement les principes universels et les normes des Nations unies ». Et de promettre à Pyongyang une « réponse ferme » et des « mesures appropriées prises en coopération avec les États-Unis et la communauté internationale ».

Justement, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan a dit s’être entretenu avec ses homologues sud-coréen et japonais afin d’élaborer une « réponse internationale appropriée et robuste ». Et de réaffirmer « l’engagement à toute épreuve » des États-Unis pour la défense du Japon et de la Corée du Sud.

À noter que l’Union européenne [UE] a également réagi, par la voix de Charles Michel, le président du Conseil européen. L’UE est « solidaire avec le Japon et la Corée du Sud », a-t-il affirmé aprés avoir dénoncé une « agression injustifiée » et une « tentative délibérée » de mettre danger « de la sécurité dans la région ».

Photo : Archive

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