La Finlande a fermé l’une de ses principales autoroutes pour un exercice aérien

Alors que le retour d’un engagement de haute intensité est au coeur des préoccupations, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] dispose-t-elle encore d’une réelle capacité de dispersion, dans le cas où ses bases aériennes viendrait à être visées par une attaque? La question peut se poser, d’autant que nombreuses plateformes aéronautiques – dotées des indispensables hangarettes durcies – ont été fermées lors des réformes menées au cours de ces dernières années.

L’an passé, le chef d’état-major de la Royal Air Force [RAF], l’Air Chief Marshal [ACM] Sir Michael Wigston, fit part, justement, de remettre au goût du jour des « exercices de dispesion sans préavis », consistant à redéployer des avions de combat sur des aérodromes civils, voire des autoroutes. « Cela rendra la tâche de l’ennemi plus difficile », avait-il justifié, rappelant que des manoeuvres de ce genre n’avaient plus eu lieu depuis une trentaine d’années

Mais encore faut-il disposer d’autoroutes permettant l’atterrissage et le décollage d’avions de combat… C’est à dire comportant une section rectiligne longue de 2 à 3 km, conçue justement pour servir de piste… et donc de base aérienne auxiliaire [leur revêtement est plus épais et les glissières peuvent être retirées très rapidement]. L’Allemagne en possède une vingtaine… mais elle n’y a plus fait atterrir de chasseurs depuis les années 1980 [lors de l’exercice « Highway 84 »]. En revanche, d’autres pays en utilisent encore. Tel est le cas de la Pologne, de Taïwan, de l’Estonie [qui organise régulièrement des exercices avec l’US Air Force], de la Suède et de la Finlande.

D’ailleurs, les pilotes militaires finlandais s’entraînent tous les ans à opérer depuis une section d’autoroute transformée en aérodrome auxiliaire. De telles manoeuvres sont appelées « maantietukikohta »… Et ils concernent tous les types d’avions en sercice, du Pilatus PC-12 au C-295M, en passant par le BAE Hawk et, évidemment, le F/A-18 Hornet. Cet appareil étant initialement destiné aux opérations aéronavales, ils utilisent des brins d’arrêt placés en bout de « piste ».

Cette année, pour l’exercice Baana 22, selon l’agence Reuters, la force aérienne finlandaise a utilisé une section d’autoroute qu’elle avait délaissée depuis « des décennies » en raison de son importance… puisqu’elle relie Helsinki aux parties les plus septentrionales du pays. Et cela alors qu’une douzaine de pistes « autoroutières » sont à sa disposition.

Aussi, avant de fermer partiellement cette autoroute pendant cinq jours, il a fallu en nettoyer les abords [donc couper quelques arbres] et s’assurer que la piste était en bon état. L’exercice vient de se terminer, ce 29 septembre. Il aura surtout mobilisé des F/A-18 Hornet et des BAe Hawk… ainsi que 200 aviateurs [dont 70 réservistes].

« Le personnel de maintenance des aéronefs et les réservistes seront formés pour établir une base routière et y mener leurs activités, y compris les tâches de soutien et de sauvetage. Les unités des systèmes de commandement et de contrôle [C2] fourniront les services de communication, de navigation aérienne ainsi que l’alimentation électrique nécessaire à la base temporaire. La police militaire assurera la protection et la sécurité dans la zone d’exercice », avait détaillé l’état-major finlandais, quelques jours avant le débit de Baana 22.

« La menace de la Russie ou les actions que mène la Russie en Ukraine avec des missiles de croisière et des missiles balistiques prouvent que le concept d’opérations dispersées est juste », a fait valoir le colonel Vesa Mantyla, le chef de l’académie de la force aérienne finlandaise.

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