L’idée d’une mission européenne de formation de « haut niveau » pour l’armée ukrainienne fait son chemin

Après avoir débloqué 2,5 milliards d’euros via la Facilité européenne pour le paix [FEP], dont le plafond financier a été fixé à près de 5,7 milliards [en prix courant] pour la période 2021-27, pour soutenir l’Ukraine face à la Russie, l’Union européenne [UE] entend aller encore plus loin.

En effet, comme le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, l’avait récemment annoncé, les minitres de la Défense et des 27 États membres de l’UE, réunis à Prague le 30 août, ont discuté d’une possible future mission européenne d’assistance et d’entraînement au profit des forces ukrainiennes, sur le modèle de celles conduites jusqu’ici au Mali, en Centrafrique ou encore au Mozambique.

« Une guerre qui dure et qui semble devoir durer nécessite un effort non seulement en termes de fourniture d’équipement, mais aussi d’entraînement et d’assistance à l’organisation de l’armée », avait fait valoir M. Borrell, lors d’une conférence de presse donnée le 22 août dernier. Et cela alors que l’Ukraine a obtenu le statut de candidat à l’adhésion à l’UE lors du Conseil européen des 23 et 24 juin derniers.

Cela étant, certains États membres n’ont pas caché leur scepticisme à l’égard d’une telle initiative. « Il reste à voir si c’est la bonne façon d’aider. Je n’en suis pas si certain. Peut-être que cela pourrait se faire plus rapidement et avec plus de souplesse à un niveau bilatéral, sous la coordination de l’UE », a ainsi déclaré François Bausch, le ministre luxembourgeois de la Défense, peu avant la tenue de cette réunion informelle convoquée par M. Borrell.

Son homologue autrichienne, Klaudia Tanner, a également fait part de ses doutes. « La première question à clarifier est de savoir si une telle mission peut être bien mise en place », sachant que les missions de type EUTM se déroulent à l’extérieur de l’UE. « De notre point de vue, de nombreuses questions restent sans réponse », a-t-elle ajouté.

La ministre autrichienne a-t-elle les réponses qu’elle attendait? Toujours est-il que le principe d’une mission d’entraînement de « haut niveau » au profit des forces ukrainiennes a été accepté. La réunion des ministre étant informelle, il ne s’agit-là que d’un feu vert « politique ». La prochaine étape consistera à trouver un accord au niveau des Vingt-Sept pour que cette initiative puisse aller jusqu’au bout.

« Je peux dire que tous les États membres sont clairement d’accord pour lancer les travaux nécessaires visant à définir les paramètres d’une mission d’assistance militaire de l’UE à l’Ukraine », a ainsi déclaré M. Borrell, à l’issue de cette réunion informelle.

L’objectif de cette nouvelle mission de type EUTM sera « d’améliorer le fonctionnement de l’armée ukrainienne, confrontée à des défis majeurs », a souligné le chef de la diplomatie européenne. Or, a-t-il poursuivi, « on peut mieux y répondre en mutualisant les capacités ».

Obtenir un feu vert politique est une chose… Mettre sur pied une telle mission en est une autre… Et l’on sait, par expérience, que ce n’est jamais simple. Mais peut-être en ira-t-il autrement pour l’Ukraine… En tout cas, il faudra en définir les modalités [mandat, financement, objectifs, aspects juridiques], trouver un pays d’accueil [la Slovaquie s’est portée candidate, ndlr] et finaliser le processus de « génération de forces », lequel doit permettre de déterminer les contributions des États membres, tant en effectifs qu’en capacités. La France y « prendra toute sa part », a d’ores et déjà assuré le ministère des Armées.

Cette mission européenne, dont on ignore quand elle sera prête, viendra s’ajouter au programme d’assistance que le Royaume-Uni a lancé en juin dernier. Celui-ci vise à former et à entraîner 10’000 recrues ukrainiennes au combat en 120 jours. Certains pays membres de l’UE y participent, dont les Pays-Bas, le Danemark, la Finlande et la Suède.

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