L’US Navy accuse l’Iran d’avoir tenté de s’emparer de l’un de ses drones navals de surface

Le développement de navires de surface sans équipage fait partie des priorités de plusieurs forces navales, à commencer par l’US Navy, qui a accentué ses efforts dans ce domaine avec son programme « Ghost Fleet Overlord », créé la Task Force 59 pour expérimenter des concepts opérationnels au Moyen-Orient, lancé des études de concept pour le projet LUSV [Large Unmanned Surface Vehicle] et entamé les essais de l’USNS Apalachicola, un navire de type EPF [Expeditionary Fast Transport] capable de naviguer de manière autonome sur les routes maritimes commerciales.

Les États-Unis ne sont les seuls à s’aventurer dans cette voie. La Chine mène ses propres programmes, de même que la Turquie, qui a lancé, en août, la production en série de l’Ulaq, un navire autonome rapide et armé de 11 mètres de long.

Tout en permettant à une force navale de gagner de la masse [l’US Navy entend ainsi en posséder une centaine à l’horizon 2045], les navires de surface autonome, ou barrés à distance, pourraient effectuer un large panel de missions, allant de la guerre électronique à la surveillance d’une zone maritime, en passant par la chasse aux mines [avec des sous-marins robotisés] et à la lutte anti-sous-marine.

Mais encore faut-il qu’un tel concept puisse arriver à maturité. C’est ce qu’a récemment souligné l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

En premier lieu, l’armement éventuel de tels navires sans équipage pose un problème éthique. « Peut-on franchir la limite que constitue l’emploi d’un système d’armes létales autonome [SALA]? », avait ainsi demandé le CEMM. Puis, sur un plan opérationnel, le contrôle d’un drone naval est à la merci d’une possible perte de signal [brouillage, panne, conditions météorologiques, etc]. En outre, faute de pouvoir être défendu par un équipage, il peut être facilement arraisonné par un adversaire… C’est ce qui vient d’ailleurs d’arriver à un engin de type Saildrone Explorer appartenant à l’US Navy.

En effet, via un communiqué publié le 30 août, la 5e Flotte américaine, dont l’état-major est établi à Bahreïn, a dénoncé une tentative de l’Iran visant à s’emparer d’un tel drone de surface, celui-ci, d’une longueur de sept mètres, ayant été pris en remorque par le Shahid Baziar, un navire de soutien de la composante navale des Gardiens de la révolution [IRGCN]

« Équipé de capteurs, de radars et de caméras pour la navigation et la collecte de données », ce drone naval naviguait dans les eaux internationales du golfe Persique, a précisé l’US Navy. Quand il est apparu qu’il était remorqué par le Shahid Baziar, celle-ci a donné l’ordre au patrouilleur USS Thunderbolt, qui se trouvait dans les environs, d’intervenir. Un hélicoptère MH-60S Sea Hawk, basé à Bahreïn, a également été envoyé sur les lieux.

Que s’est-il passé par la suite? La marine américaine ne le précise pas. En revanche, elle a pu récupérer son drone naval et le Shahid Baziar a quitté la zone « environ quatre heures plus tard ».

« Les actions de l’IRGCN étaient « injustifiées et incompatibles avec le comportement d’une force maritime professionnelle », a commenté le vice-amiral Brad Cooper, le commandant des forces navales américaines de l’US CENTCOM, le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

« Les forces navales américaines restent vigilantes et continueront de voler, de naviguer et d’opérer partout où le droit international le permet, tout en promouvant un ordre international fondé sur des règles dans toute la région », a-t-il conclu.

L’IRGCN a cependant livré une autre version de l’incident, expliquant avoir pris l’initiative de remorquer le drone américain parce que celui-ci avait une panne au niveau de son système de navigation et qu’il présentait donc un danger pour la sécurité des autres navires croisant dans le secteur.

Cette « action opportune » de la composante navale du Corps des gardiens de la révolution a été « menée dans le but de sécuriser la route maritime et de prévenir d’éventuels accidents, dont plusieurs se sont produits ces dernières semaines », a fait valoir Téhéran. Et d’ajouter : « Immédiatement après l’arrivée d’une frégate de la marine américaine dans la zone, les problèmes de sécurité et de sécurité de la navigation ont été expliqués à son équipage et le drone a été libéré sur décision du commandant » du Shahid Baziar.

Quoi qu’il en soit, ce nouvel incident entre les forces américaines et iraniennes est survenu à un moment où les négocations visant à relancer l’accord sur le programme nucléaire iranien pourrait être prochainement signé à Vienne.

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