Les forces américaines et sud-coréennes renouent avec les manoeuvres de grande ampleur

En décembre 2017, et alors que la Corée du Nord venait de réaliser son sixième essai nucléaire et de lancer des missiles balistiques présumés intercontinentaux, certains observateurs dirent craindre une guerre dans la péninsule coréenne, les tensions y étant alors très vives. « Je ne vois pas comment on pourrait résoudre tout ceci par la voie diplomatique à ce stade », avait même estimé l’amiral Mike Mullen, ancien chef d’état-major interarmées américain.

Finalement, et sous l’impulsion du président sud-coréen d’alors, Moon Jae-in, Séoul amorça un rapprochement avec Pyongyang, le Sud et le Nord allant jusqu’à faire cause commune lors des Jeux Olympiques d’hiver de PyeongChang, à rétablir leur ligne téléphonique directe, qui avait été coupée en 2016, et à reprendre leurs discussions bilatérales à Panmunjom, où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de Corée [1950-53]. Dans le même temps, la Corée du Nord annonça un moratoire sur ses activités nucléaires… qui, à en croire les Nations unies, se seraient cependant poursuivies en toute discrétion.

De leur côté, les États-Unis, qui maintiennent actuellement 28’500 militaires en Corée du Sud, engagèrent des négociations avec le régime nord-coréen en vue d’obtenir la dénucléarisation de la péninsule. Ainsi, en juin 2018, le président américain, qui était alors Donald Trump, rencontra Kim Jong-Un, le maître de Pyongyang, à Singapour. Et, à l’issue de cet entretien « historique », prenant tout le monde de court, il annonça la suspension de tous les exercices militaires menés conjointement par les forces américaines et sud-coréennes.

Ainsi, organisées annuellement depuis 1976 afin de préparer la Corée du Sud à une éventuelle attaque nord-coréenne, les manoeuvres de grande ampleur « Ulchi Freedom Guardian », qui devaient alors avoir lieu en septembre 2018, furent annulées.

« Nous dépensons une fortune. Tous les deux mois, nous faisons des exercices militaires avec la Corée du Sud et j’ai demandé : ‘combien ça coûte?’ Nous envoyons des avions depuis Guam. Nous bombardons des montagnes vides pour la pratique. J’ai dit : ‘Je veux arrêter ça et je vais arrêter ça' », justifiera M. Trump.

L’année suivante, en lieu et place d’Ulchi Freedom Guardian, les forces américaines et sud-coréennes organisèrent un exercice [dont le nom ne fut pas divulgué] au moyen de simulations informatiques. L’objetif était de préparer la Corée du Sud à prendre le relais des États-Unis 90 jours après le début d’une guerre avec la Corée du Nord.

Puis, les discussions diplomatiques étant dans l’impasse, les relations entre les deux Corées se dégradèrent… Et Pyongyang reprit ses tirs de missiles à un rythme de plus en plus soutenu tandis que Donald Trump laissa sa place à Joe Biden à la Maison Blanche. Pour autant, l’exercice Ulchi Freedom Guardian ne put être organisé de nouveau en raison de la pandémie de covid-19.

Il aura donc fallu attendre cet été pour voir les forces américaines et sud-coréennes renouer avec les manoeuvres de grande ampleur, le coup d’envoi de l’édition 2022 d’Ulchi Freedom Guardian ayant été donné ce 22 août. Elle doit durer jusqu’au 1er septembre.

« L’importance de cet exercice conjoint est de refonder l’alliance entre la Corée du Sud et les États-Unis et de consolider la structure de défense commune en banalisant […] les exercices conjoints et les entraînements sur le terrain », a expliqué le ministère sud-coréen de la Défense. Et cela à l’heure où la Corée du Nord a accusé Séoul d’être responsable de la récente épidémie de covid-19 qu’elle a connue, allant même jusqu’à évoquer des « représailles », et qu’une rumeur suggère qu’elle s’apprêterait à procéder à son septième essai nucléaire.

Le volume des forces impliquées dans les manoeuvres Ulchi Freedom Guardian 2022 n’a pas été précisé. Mais si l’on s’en tient aux éditions précédentes, des dizaines de milliers de militaires, des avions de combat et des navires de guerre devraient être mobilisés.

Selon l’agence de presse Yonhap, elles se dérouleront en deux temps : une première partie se consistera à repousser des attaques nord-coréennes et à défendre la région de Séoul tandis que la seconde se concentrera sur des opérations de contre-attaque. Leur scénario prévoit notamment la découverte d’explosifs dans des centrales nucléaires, un incendie dans une usine de semi-conducteurs, la paralysie du réseau bancaire, les attaques de drones et des actes de terrorisme dans les aéroports.

Photo : US Army

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]