L’engagement de haute intensité concerne aussi la Gendarmerie nationale

Au cours de ces derniers mois, et surtout depuis le début de la guerre en Ukraine, il a régulièrement été question de l’engagement dit de « haute intensité » pour l’armée de Terre, la Marine nationale et l’armée de l’Air & de l’Espace. En revanche, ayant gardé son statut militaire après être passée dans le giron du ministère de l’Intérieur, Gendarmerie nationale a plutôt été discrète sur ce sujet.

Sujet qui la concerne pourtant également, comme l’a rappelé le rapport publié en février dernier par les députés Jean-Louis Thiériot et Patricia Mirallès [désormais secrétaire d’État aux Anciens combattants, ndlr].

En effet, selon la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense [DRSD, ex-DPSD], en cas de conflit de haute intensité, la « sécurité de nos emprises, et au-delà des sites essentiels à la continuité de l’action de l’État, pourrait être d’autant plus difficile à assurer qu’une part importante de nos unités sera déployée probablement hors de France, face aux forces ennemies ».

En outre, et d’après le général Delion, du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement [CDC], qui relève de l’armée de Terre, il faudrait aussi « penser sécuriser la base spatiale de Kourou, les points d’entrée et de sortie des câbles sous-marins » ainsi que les « convois logistiques, les postes de commandement, et pour cela employer des forces de réserve ».

Aussi, M. Thiériot et Mme Mirallès avaient souligné la nécessité de « remettre au goût du jour la défense opérationnelle du territoire [DOT] » en lui intégrant une « dimension cyber ».

Et c’est là que la Gendarmerie aura un rôle à tenir, comme, d’ailleurs, cela fut le cas par le passé, son implication dans la DOT s’étant « progressivement » effacée « au profit de la sécurité publique ».

« Mission historique de la gendarmerie, la surveillance des frontières […] confère des savoir-faire utiles à la gendarmerie pour la DOT, elle qui dispose de 56 hélicoptères et qui est en train de renouveler sa flotte […]. Elle a en outre des capacités d’action en milieu nautique [avec la gendarmerie maritime, ndlr] et en haute montagne », avaient alors souligné les députés.

Et d’ajouter : « Un dispositif d’intervention augmenté de la gendarmerie [DIAG] permet désormais de mettre à la disposition du commandement territorial une capacité d’intervention spécialisée, un hélicoptère, des outils de lutte anti-drone et des blindés ».

Cité dans le rapport, l’adjoint au major général de la Gendarmerie nationale, le général Olivier Kim, avait alors estimé qu’il fallait par ailleurs « développer l’interopérabilité entre l’armée de Terre et la gendarmerie pour que chacun sache ce que fait l’autre ». Aussi, les deux parlementaires suggérèrent de renforcer la proximité entre les armées et la Gendarmerie, avec la tenue d’exercices militaires communs.

À noter que, après justement l’exercice « Minerve », dont la finalité était de voir comment un groupe de combat d’infanterie pouvait appuyer les gendarmes pour des missions de contrôle du territoire, l’armée de Terre et la Gendarmerie avaient signé un accord, en 2018, pour renforcer leur interopérabilité et leur efficacité opérationnelle « dans le cadre des opérations conjointes sur le territoire national ».

Quoi qu’il en soit, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 27 juillet dernier, le directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], le général Christian Rodriguez, n’a pas coupé à des questions sur le rôle que seraient susceptibles de tenir les gendarmes dans un conflit de haute intensité.

« La guerre en Ukraine pose à nouveau la question de la défense opérationnelle du territoire. Même si le risque d’une agression par une colonne de chars reste peu probable dans notre pays, il faudra aller au-delà de la prévention des agressions sur les seules ‘installations vitales' », ainsi fait valoir le général Rodriguez.

Et, à ce titre, a-t-il poursuivi, les « renouvellements actuels d’équipements, avec le remplacement en fin d’année de nos vieux véhicules blindés [par des « Centaure »] et la livraison d’hélicoptères H160 [permettant de transporter jusqu’à 14 personnes équipées], rendent possible, avec la réforme du GIGN, etc., une stratégie ambitieuse que nous travaillons avec les armées face à la possibilité d’une crise de plus haute intensité.

En outre, a rappelé le DGGN, s’agissant de la DOT, le « rôle de la gendarmerie est d’abord de tenir les territoires ». Aussi, si « certains sites, d’importance vitale, sont déjà protégés par construction, d’autres, qui ne sont pas classés points de distribution d’électricité, châteaux d’eau, etc.], doivent être connus de la gendarmerie également », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le général Rodrigez a aussi estimé que la Gendarmerie doit aussi être préparée « à faire face en première intervention à des personnes lourdement armées ». En conséquence, a-t-il continué, la « formation, mais aussi la transformation de la composition de nos pelotons de surveillance et d’intervention ont été durcies ». Et cela pose également la question de l’armement, le « pistolet des brigades » n’étant « pas suffisant ». Cela étant, a-t-il fait remarquer, les « gendarmes ne peuvent pas transporter des armes automatiques dans leurs actions du quotidien ni les laisser dans leurs véhicules ».

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