Ravagé par un incendie, le navire d’assaut amphibie USS Bonhomme Richard aurait pu être sauvé

En juillet 2020, le navire d’assaut amphibie USS Bonhomme Richard [classe Wasp] fut ravagé par un incendie, alors qu’il était à quai, à San Diego [Californie] alors qu’un chantier visant à lui permettre d’accueillir des chasseurs-bombardiers F-35B était sur le point de s’acherver.

La température ayant dépassé les 500°c, soit la limite à partir de laquelle l’acier commencer à perdre ses propriétés, les dégâts furent considérables, d’autant plus qu’il fallut plus de quatre jours pour venir à bout des flammes… Selon l’US Navy, il aurait fallu dépenser plus de 3 milliards de dollars pour remettre l’USS Bonhomme Richard en service. Aussi, il fut décidé de l’envoyer à la ferraille…

Plus tard, il a été établi qu’un marin du bord était à l’origine de l’incendie. Celui-ci saura, le mois prochain, s’il sera traduit ou non devant une cour martiale. Pour le moment, on ignore les faits qui lui sont reprochés, l’acte d’accusation le concernant n’ayant pas encore été publié.

En revanche, les conclusions d’une enquête de commandement menée pour établir les circonstances de l’incendie sont désormais connues. Et elles sont sévères pour l’encadrement de l’USS Bonhomme Richard… et pour d’autres responsables de l’US Navy.

Ainsi, il apparaît que l’USS Bonhomme Richard aurait pu être sauvé si plusieurs consignes avaient été respectées… Et certaines mesures appliquées. En premier lieu, il été déterminé que les dispositifs anti-incendie n’étaient pas tous en état de marche, alors même que, en raison du chantier en cours, des matières combustibles s’étaient accumulées à son bord. Encore plus grave, sans doute, il est fait état de « rapports de maintenance falsifiés ».

En outre, si plusieurs marins ont fait preuve d’un courage certain pour maîtriser les flammes qui ravageaient leur navire, l’enquête de commandement a pointé le manque de formation et de préparation de l’equipage à la lutte contre les incendies.

Le rapport cite ainsi une « série d’exercices ratés et une absence de connaissances de base sur la lutte anti-incendie dans « un environnement industriel ». Ce qui expliquerait la raison pour laquelle l’alerte a été donné dix minutes après la découverte de l’incendie à bord.

« Ces minutes perdues ont entraîné des retards dans la mise en place des équipements de lutte contre les incendies et la constitution des équipes d’intervention », estime le document, qui précise aussi que les marins ont « omis d’activer le bouton du système de mousse anti-incendie », ce qui aurait évidemment pu ralentir la progression des flammes. « Aucun membre de l’équipage interrogé n’a envisagé cette action ou n’avait de connaissances spécifiques quant à l’emplacement du bouton ou à sa fonction », souligne-t-il.

La base navale de San Diego n’échappe pas aux critiques… « Le Southwest Regional Maintenance Center [SWRMC] n’a pas satisfait à ses exigences liées à la sécurité incendie » et personne « n’a veillé à ce que les pompiers civils connaissent les navires de la marine » et « vérifié leur aptitude à intervenir sur un incendie » à bord de l’un d’eux.

Un exemple : « Les pompiers de la base ont également signalé que les raccords de leurs tuyaux n’étaient pas compatibles avec ceux utilisés à bord des navires » de l’US Navy, relate le rapport.

Quoi qu’il en soit, soulignant, par ailleurs, que les enseignements de l’incendie qui avait détruit le sous-marin USS Miami [en 2012] n’avaient pas tous été tirés, l’enquête de commandement est donc arrivée à la conclusion que des « défaillances répétées » au cours des 19 mois qu’aura duré l’immobilisation de l’USS Bonhomme Richard a « permis l’accumulation de risques importants », avec un « équipage insuffisamment préparé ». Et cela a ainsi contribué à la perte du navire. Perte qui aurait donc pu être évité. Aussi, 36 officiers risquent désormais des sanctions, dont le « pacha » du bâtiment ainsi que ses supérieurs directs.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]