Budget des armées : L’année 2022 devrait être riche en livraisons de nouveaux équipements

Le 22 septembre, le gouvernement a dévoilé le projet de loi de finances 2022, le dernier du quinquennat en cours. Comme attendu, et conformément à la trajectoire financière définie par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, les crédits de la mission « Défense » progresseront à nouveau de 1,7 milliard d’euros, pour atteindre les 40,9 milliards d’euros [soit une hausse de +4,3% par rapport à 2021].

Dans les grandes lignes, le programme 146 « Équipement des forces » sera doté de 14,6 milliards d’euros en crédits de paiements quand le programme 178 « Préparation et emploi des forces » obtiendra 10,8 milliards d’euros. Il est en outre prévu d’allouer 12,6 milliards d’euros à la masse salariale du ministère des Armées, 1,3 milliard au soutien de la politique de défense et 1,8 milliard au programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense ». Et 1,2 milliards financera les surcoûts des opérations extérieures et des missions extérieures.

Selon la nature des dépenses, la dissuasion nucléaire bénéficiera de 5,3 milliards d’euros et l’Entretien programmé du matériel [EPM] devrait consommer 4,5 milliards de crédits de paiement. Les investissements dans les infrastructures s’éleveront à 1,5 milliard d’euros au total et les programmes dits à « effet majeur » disposeront d’une enveloppe de 8,1 milliard.

Les documents budgétaires diffusés par le ministère des Armées ne donnent que les crédits de paiement, faisant ainsi l’impasse sur les crédits d’engagements, qui constituent « la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées », selon la définition qui en est donnée par le ministère de l’Économie et des Finances.

Aussi, il est donc fait grand cas des livraisons d’équipements attendus par les forces armées. Et, de ce point de vue, le prochain exercice s’annonce riche… « Après trois premières années consacrées à la commande des équipements majeurs, l’année 2022 [sera] principalement dédiée à leur livraison », souligne ainsi le ministère.

Ainsi, l’armée de Terre devrait recevoir ses 14 drones tactiques Patroller [qui se sont fait attendre], 12000 fusils d’assaut HK-416F, 200 missiles antichar MMP [Missile Moyenne Portée] avec 26 postes de tir, 8 hélicoptères NH-90 Caïman TTH, 1200 véhicules légers tactiques non protégés [les VT4, ndlr], 120 véhicules blindés légers régénérés [VBL Ultima] et 245 véhicules blindés du programme SCORPION [Griffon, Jaguar et Serval]. S’agissant des transmissions, dix stations terrestres connectés aux satellites de communication Syracuse IV [mis en service en 2022, ndlr] et 2075 équipements radios seront livrés.

La Marine nationale pourra commencer à mettre en oeuvre son premier Bâtiment ravitailleur de forces [le BRF « Jacques Chevallier »]. Un second sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de type Barracuda, le Duguay-Trouin, lui sera livré, de même que la « Lorraine », c’est à dire la dernière des deux Frégates multimissions à capacité de défense aérienne renforcée [FREMM-DA] commandés à Naval Group. Elle recevra également une frégate légère furtive [FLF] rénovée, ainsi qu’un module de lutte contre les mines [issu du programme SLAMF] et quatre avions de patrouille maritime Atlantique 2 portés au standard 6. Enfin, elle disposera de 15 stations navales « Syracuse 4 ».

Pour l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], 13 chasseurs-bombardiers Mirage 2000D rénovés rejoindront la 3e Escadre de chasse basée à Nancy. En outre deux nouveaux avions de transport A400M « Atlas », trois ravitailleurs A330 MRTT « Phénix » et un A330, commandé en 2020 dans le cadre du plan de relance de la filière aéronautique, lui seront livrés. Enfin, quatre radars SCCOA [système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales] et 20 fusils brouilleurs de lutte anti-drones viendront s’ajouter à la liste.

Dans le domaine spatial, trois nouveaux satellites seront mis en orbite. Outre le premier de la famille Syracuse IV, les engins CERES [renseignement électromagnétique] et MUSIS-CSO [imagerie satellitaire] entreron en service.

Quant aux commandes annoncées pour 2022, l’armée de Terre devrait en être la principale bénéficiaire, avec 396 blindés supplémentaires [Griffon, Serval et Jaguar], 120 VBL Ultima, 50 chars Leclerc rénovés, 200 MMP, 12000 fusils HK416F et 2600 équipements radio.

Aucun nouveau navire ne sera commandé pour la Marine nationale [l’essentiel ayant déjà été fait]. Aussi, celle-ci se contentera 29 postes d’aide à l’interprétation des images [SAIM], d’un système d’accès aux réseaux intranet RIFAN pour les frégates de défense et d’intervention [FDI] et de 11 stations navales de communication par satellite.

Pour l’AAE, la rénovation de quatre avions de transport tactique C-130H sera commandée, de même qu’un lot de missile Aster 30 Block 1NT pour le système de défense aérienne Mamba, un centre de commandement et de contrôle aérien [SCCOA] et un radar fixe. À cela viendra s’ajouter la construction du futur siège du commandement de l’Espace [CdE] à Toulouse.

S’agissant des priorités définies au moment de l’actualisation [ou plutôt de l’ajustement] de la LPM en cours, elles n’apparaissent pas toujours explicitement dans les documents budgétaires. Pour rappel, trois axes avaient été identifiés : « Mieux détecter et contrer » [ce qui concerne le cyber, l’espace et le renseignement], « Mieux se protéger » et « Mieux se préparer ». Et il était ainsi question par exemple, d’un effort particulier en matière de guerre électronique et de « Seabed Warfare » [« guerre des abysses »]. Or, ce dernier domaine bénéficiera d’une enveloppe de seulement 2,9 millions d’euros afin de financer « la réalisation de capacités exploratoires ».

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