Kaboul : Le président Biden promet de riposter à l’attaque revendiquée par l’État islamique

Le bilan de l’attaque « complexe » qui, le 26 août, a visé Abbey Gate, l’un des trois accès à l’aéroport de Kaboul, ne cesse de grimper. Quelques heures après, il est fait état d’au moins 85 tués [dont 12 soldats de l’US Marine Corps et un infirmier de l’US Navy] et de plusieurs de dizaines de blessés dont le pronostic vital est engagé pour certains.

Cette attaque, commise alors que les États-Unis et leurs alliés évacuent de Kaboul leurs ressortissants et les civils afghans potentiellement menacés par les nouveaux maîtres de l’Afghanistan, a rapidement été revendiquée par la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique [EI-Khorassan ou EI-K], laquelle se pose en rivale du mouvement taleb et de ses alliés.

Dans une allocution télévisée, le président américain, Joe Biden, a assuré que les évacuations depuis Kaboul se poursuivraient malgré cette attaque, pour laquelle il s’est engagé à traquer les responsables. Un tâche qui s’anonnce compliquée étant donné que les États-Unis n’auront plus de troupes en Afghanistan après le 31 août.

« À ceux qui ont mené cette attaque, ainsi qu’à tous ceux qui souhaitent du mal à l’Amérique, sachez ceci : nous ne pardonnerons pas. […] Nous n’oublierons pas. Nous allons vous traquer et vous faire payer », a en effet déclaré M. Biden. Et d’assurer, comme le fit avant lui le président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, que « nous [les États-Unis] répondrons avec force et précision quand nous le déciderons, où et quand nous le choisirons ».

Pour cela, le chef de la Maison Blanche a indiqué qu’il avait ordonnée aux responsables du Pentagone de « développer des plans opérationnels pour frapper les cibles, la hiérarchie et les installations » de l’EI-K en Afghanistan. Cela étant, il n’est pas clair si une telle riposte est envisagée avant le départ des troupes américaines de Kaboul…

Selon un récent rapport des Nations unies sur la mouvance jihadiste, l’EI-K aurait perdu « du terrain, de hauts responsables, de nombreux membres et des ressources financières en 2020 dans les provinces de Kounar et du Nangarhar », où l’organisation s’est implantée à partir de 2014/15. Cependant, celle-ci a gagné d’autres régions, notamment dans le Nourestan et les provinces de Badghis, de Sar-e Pol, de Baghlan, de Badakhshan, de Kunduz et de Kaboul, où elle a formé des cellules dormantes, dont une vient donc de passer à l’action.

L’EI-K « a renforcé ses positions à Kaboul et dans les environs, où il mène la plupart de ses attaques, visant des minorités, des militants,
des employés du Gouvernement et le personnel des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes », expliquait le rapport de l’ONU, publié en juillet, soit avant la prise du pouvoir par les talibans.

Le document souligne également que le groupe terroriste s’est donné pour priorités de recruter et de former de nouveaux combattants en s’adressant aux talibans les plus intransigeants et en attirant des jihadistes présents en Syrie et en Irak, ce qu’il peine cependant à faire?Son effectif actuel est difficile à évaluer… mais un le rapport avance, selon une estimation d’un « État membre », qu’il pourrait atteindre les 10’000 membres à moyen terme.

Depuis son apparition en Afghanistan, l’EI-K a perdu de nombreux responsables face aux forces afghanes et américaines ainsi qu’aux… talibans. Depuis juin 2020, l’organisation est dirigée un certain Shahab al-Muhajir [alias Sanaullah], dont on ne sait que très peu de choses, si ce n’est qu’il aurait été un « commandant de rang intermédiaire » du réseau Haqqani, proche du mouvement taleb et… d’al-Qaïda. Cependant, avance un autre rapport de l’ONU concernant l’Afghanistan, ces deux entités auraient établi une certaine forme coopération, au-delà de leurs divergences et de leurs allégeances respectives.

« L’Équipe de surveillance [de l’ONU] n’est pas encore en mesure de le confirmer, mais plusieurs États Membres évoquent la possibilité que des combattants dotés de compétences spécialisées pass ent d’un
groupe terroriste à un autre, en Afghanistan, en fonction des besoins et du degré de rémunération », lit-on dans le document.

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