L’équipage d’un hélicoptère militaire français bloqué par les autorités de Guinée équatoriale pour « atteinte à la sécurité »

Pour s’être frauduleusement constitué un patrimoine en France, Teodorin Obiang, vice-président de la Guinée équatoriale [et, accessoirement, fils du chef d’État en exercice] a vu son pourvoi être rejeté par la Cour de cassation, qui a donc confirmé la peine de trois ans de prison avec sursis que lui avait infligée la cour d’appel de Paris en février 2020. Il aura à s’acquitter d’une amende de 30 millions d’euros tandis que tous ses biens seront saisis pour « blanchiment d’abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics et d’abus de confiance ».

« La justice confirme que la France n’est plus une terre d’accueil pour l’argent détourné par de hauts dirigeants étrangers et leur entourage : les patrimoines acquis en France avec de l’argent sale seront confisqués et leurs propriétaires poursuivis et condamnés », s’est félicité Patrick Lefas, président de la branche française de l’ONG « Transparency International ».

Seulement, avec cette décision, il fallait s’attendre à quelques complications diplomatiques… Alors que la Cour de cassation venait de rendre son verdict, un hélicoptère Fennec des Éléments français au Gabon [EFG], qui assurait une liaison entre Douala [Cameroun] et Libreville, se posait à l’aéroport de Bata pour ravitailler en carburant. Seulement, il n’a pu pu redécoller, les autorités locales ayant mis leur veto.

« Ils se sont posés mercredi à 14H15 parce qu’ils n’avaient plus de pétrole. À ce moment a commencé une séquence de tracasseries administratives », a expliqué le colonel Pascal Ianni, le porte-parole du ministère des Armées, à l’AFP. Et l’équipage, composé de six militaires, attend toujours l’autorisation pour repartir.

« On est dans une phase de négociation » avec les autorités locales, a précisé le colonel Ianni. « On se retrouve face à un incident tel qu’on en a déjà connus. Ils retiennent l’hélicoptère et l’équipage », a-t-il ajouté.

Une péripétie de ce genre serait banale, selon un militaire français sollicité par l’AFP. « On s’arrête régulièrement à Bata, mais on a aussi régulièrement des problèmes de coordination avec l’aéroport de Bata. La tour de contrôle ne donne pas d’autorisation d’atterrir par excès de zèle », a-t-il confié.

Seulement, la situation paraît autrement plus compliquée que d’habitude. En effet, côté équato-guinéen, on accuse l’hélicoptère français de s’être posé à Bata sans autorisation. Pire encore : la radio d’État locale, la TVGE, a évoqué une « opération d’espionnage et de provocation » française.

« Ils prétendent avoir une autorisation annuelle pour se poser à Bata, mais après vérifications, l’immatriculation de l’appareil ne correspond pas. Il s’agit d’une infraction grave aux règles de l’aviation. Nous pouvons dire que c’est une atteinte à la sécurité de l’État, car c’est un appareil militaire », a par ailleurs affirmé le chef de l’état-major de la force aérienne équato-guinéenne, selon RFI.

Si, comme tout le laisse supposer, cette affaire est liée à la condamnation de Teodorin Obiang, on peut craindre que le Fennec et les six militaires français soient bloqués à Bata pendant un bout de temps…

Photo : Fennec  / Archive  © Ministère des Armées

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