Libye/embargo : L’armée de l’Air et de l’Espace a engagé un drone MQ-9 Reaper dans l’opération navale Irini

Il y a encore quelques mois, deux gouvernements rivaux se diputaient le pouvoir en Libye, sur fond d’ingérences étrangères et de combats entre milices loyales à l’un ou l’autre camp. Et le tout avec des organisations jihadistes en embuscade.

Désormais, la situation s’est améliorée, avec la formation, acceptée par les deux camps, d’un gouvernement provisoire qui, dirigé par Abdulhamid Dbeibeh, aura à organiser des élections [présidentielle et législatives] en décembre prochain.

Pour autant, cette transition politique peut dérailler à tout moment, d’autant plus que les ingérences extérieures n’ont pas cessé. Et la menace terroriste reste une réalité, comme en témoigne l’attentat à la voiture piégée commis le 6 juin à Sehba [ville située à 750 km au sud de Tipoli, ndlr] et revendiqué par la branche libyenne de l’État islamique.

Aussi, début juin, en adoptant la résolution 2578, le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé d’un an l’autorisation d’inspecter les navires allant en Libye afin de faire respecter l’embargo sur les armes décidé en 2011. Et telle est l’objet de l’opération navale européenne EUNAVFOR Irini, lancée en mars 2020.

Pour rappel, outre la surveillance de cet embargo sur les armes, l’opération Irini vise également à documenter, voire à empêcher, les exportations illicites de pétrole libyen et à contribuer au développement des forces navales libyennes [garde-côtière et marine, ndrl] ainsi qu’au démantèlement des réseaux de trafic de migrants.

La France a été le premier pays européen à s’engager dans cette opération, avec la frégate Jean Bart. Depuis, d’autres moyens de la Marine nationale ont été sollicités, comme la frégate Latouche-Tréville et, plus récemment, le patrouilleur de haute mer [PHM, ou aviso] Premier Maître l’Her. L’aéronautique navale a également été mise à contribution, avec la participation ponctuelle d’un Atlantique 2 [patrouille maritime] et d’un Falcon 50.

L’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] est également concernée. En effet, en août 2020, elle a engagé un avion E3F AWACS du 36e Escadron de Détection et Contrôle Aéroportés [EDCA] « Berry » afin « d’enrichir la connaissance de l’activité maritime et aérienne en Méditerranée centrale. »

Une telle mission n’était pas inédite pour un E3F AWACS étant donné qu’un appareil de ce type avait déjà été engagé dans l’opération européenne EUNAVFOR Atalanta, conduite dans le golfe d’Aden pour lutter contre la piraterie maritime. En revanche, la participation à Irini d’un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper de l’AAE est une première.

En effet, le 5 juin, un tel aéronef a décollé de la base aérienne 709 de Cognac pour une mission en Méditerranée centrale qui, réalisée au profit de l’opération Irini, a été « planifiée et conduite » par le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes [CDAOA], a indiqué l’État-major des armées [EMA].

« Télépiloté depuis la France et commandé en temps réel depuis le CDAOA à Lyon, ce drone a évolué dans des corridors aériens dédiés, jusqu’en Méditerranée centrale. Ce vol réaffirme l’attachement de la France et de ses alliés au respect du droit international dans la région », explique l’EMA, qui évoque une mission « exploratoire » pour le MQ-9 Reaper.

Ce n’est pas la première fois qu’un drone MALE est engagé dans l’opération Irini : l’Aeronautica Militare a mis un MQ-9A « Predator B » [autre appellation du Reaper] ainsi qu’un MQ-1C Predator A+ à la disposition de cette dernière.

Quoi qu’il en soit, ce vol d’un MQ-9 Reaper de l’AAE « permet d’envisager un haut niveau de surveillance notamment en cas de vol combiné du Reaper avec un AWACS, deux vecteurs parfaitement complémentaires » et de « répondre à de nombreuses questions tant techniques qu’opérationnelles pour envisager, si nécessaire, ce type de mission dans d’autres cadres d’engagement, explique l’État-major des armées.

Cela étant, de son côté, la Marine nationale envisage également de se doter de drones MALE pour des missions de patrouille maritime, afin de compléter les capacités de ses avions et de ses hélicoptères. C’est, en tout cas, ce qu’elle avait précisé dans son plan stratégique Mercator.

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