Le président Biden décide le retrait de toutes les forces américaines d’Afghanistan d’ici le 11 septembre 2021

En 2009, alors que Washington s’interrogeait sur la suite à donner aux opérations en Afghanistan, alors menées par la Force internationale d’assistance à la sécurité [ISAF] de l’Otan, deux options furent étudiées.

La première, privilégiée par le président Obama, consistait à accroître l’effort en matière de contre-insurrection [donc à renforcer assez significativement les effectifs militaires], afin d’aider à la reconstruction institutionnelle et politique de l’Afghanistan. Un tel pari était audacieux étant donné que le concept de « Nation Building » n’avait jusqu’alors jamais vraiment marché.

À cette orientation, le colistier de Barack Obama, qui était alors Joe Biden, opposa une autre approche, beaucoup plus pragmatique. Ainsi, selon lui, la priorité devait être donnée à la lutte contre les réseaux d’al-Qaïda en Afghanistan, en ayant recours aux forces spéciales et aux drones. En clair, il s’agissait de revenir à l’approche qui avait été adoptée au début de l’intervention américaine dans ce pays, le 7 octobre 2001. La suite des événements a montré qu’il avait eu sans doute raison…

En 2017, le président Trump eut également à décider de la stratégie qu’il fallait mener en Afghanistan. Après avoir mis la pression sur le Pakistan et décidé l’envoi de renforts, il changea son fusil d’épaule devant la faiblesse des résultats obtenus. S’engagèrent des discussions avec le mouvement taleb afghan, qui donnèrent lieu à un accord, signé à Doha le 29 février 2020.

Ainsi, en échange d’un retrait d’Afghanistan des forces américaines d’ici le 1er mai 2021, les taliban d’engageaient à négocier avec les autorités de Kaboul, à oeuvrer à une réduction des violences et, surtout, à ne pas permettre un retour des organisations terroristes dans le pays.

Seulement, plus d’un an après la signature de cet accord, le compte n’y est pas : le niveau de violence est toujours élevé, les discussions avec le gouvernement afghan patinent et des doutes subsistent sur la volonté des taliban de couper les ponts avec al-Qaïda. Et cela alors que l’administration Trump continua à réduire la présence militaire américain dans le pays.

La question était donc de savoir ce qu’allait faire Joe Biden après avoir pris ses fonctions à la Maison Blanche. Nouveau chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken donna une indication après avoir affirmé qu’il était « indispensable » de préserver les « avancées faites pour les femmes et les filles en Afghanistan au cours des 20 dernières années. » De son côté, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, estima « très difficile de voir comment parvenir à un règlement négocié » tant que les taliban « ne respecteront pas leur engagement à renoncer au terrorisme et à mettre un terme aux attaques violentes contre l’armée afghane. »

Finalement, la décision de M. Biden a été annoncée le 13 avril. Des troupes américaines – 2.500 hommes actuellement – seront ainsi toujours présentes en Afghanistan après le 1er mai… Mais elles devront avoir quitté le pays « sans condition » d’ici le 11 septembre 2021, c’est à dire le jour du 20e anniversaire des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone.

« Nous allons entamer un retrait ordonné des forces restantes avant le 1er mai et prévoyons d’avoir sorti toutes les troupes américaines du pays avant le 20e anniversaire du 11-Septembre », a en effet indiqué un responsable. A priori, il n’est même pas question de maintenir un petit contingent chargé de mener des opérations de contre-terrorisme, comme M. Biden l’avait suggéré autrefois.

En attendant, a ajouté ce responsable, « nous avons dit aux taliban, sans la moindre ambiguïté, que nous répondrons avec force à toute attaque contre les soldats américains pendant que nous procédons à un retrait ordonné et sûr », a-t-il ajouté.

En outre, il a aussi insisté sur le fait que les États-Unis allaient désormais « concentrer leurs efforts » sur le « soutien au processus de pays en cours », mais « sans utiliser la présence » de leurs troupes « comme monnaie d’échange ». Et de préciser que « le président [Biden] a estimé qu’une approche conditionnelle, comme cela a été le cas au cours des deux dernières décennies, était la recette assurée pour rester en Afghanistan à vie. »

Cette annonce a cependant été fraîchement accueillie par le mouvement taleb, alors que ce dernier devait participer à des discussions avec des représentants du gouvernement afghan en Turquie, le 24 avril prochain. « Avant que toutes les forces étrangères se soient complètement retirées de notre pays natal, [nous] ne participerons à aucune conférence qui prendrait des décisions sur l’Afghanistan » a fait savoir Mohammad Naeem, un porte-parole des taliban.

Cela étant, ce report du retrait d’Afghanistan des forces américaines n’est, dans le fond, pas surprenant dans la mesure où l’Otan n’est pas prête à retirer ses troupes. D’ailleurs, certains pays contributeurs, comme l’Allemagne, ont récemment prolongé leur participation au sein de la mission Resolute Support, chargée de former et d’entrainer les forces de sécurité afghanes. D’où les propos tenus par M. Blinken, ce 14 avril, à son arrivée à Bruxelles pour évoquer le sujet.

« Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés. Et maintenant, il est temps de ramener nos forces à la maison. […] Je suis ici pour travailler en étroite collaboration avec nos alliés. […] C’est un moment important pour notre alliance. Il y a presque 20 ans, après que les États-Unis ont été attaqués le 11 septembre, nous sommes allés ensemble en Afghanistan pour faire face à ceux qui nous ont attaqués et pour nous assurer que l’Afghanistan ne deviendrait pas à nouveau un refuge pour les terroristes qui pourraient attaquer l’un d’entre nous », a-t-il dit.

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