Libye : Le mandat de opération navale européenne va être prolongé jusqu’au 31 mars 2023

Maintenant que la Libye s’est dotée d’un seul et unique gouvernement, conduit par Abdelhamid Dbeibah, le conflit entre les autorités de Tripoli et celles de Tobrouk qui a déchiré le pays durant ces dernières années – et motivé des interventions extérieures – devrait théoriquement s’éteindre.

Du moins, c’est ce que doivent penser les optimistes… Ont-ils tort de l’être? L’avenir le dira… Mais en attendant, les ferments de la division n’ont pas disparu. À commencer par le présence, sur le sol libyen, de 20.000 combattants [et mercenaires] étrangers, déployés principalement par la Turquie et la Russie. La semaine passée, le Conseil de sécurité des Nations unies a une nouvelle fois réclamé leur départ, conformément à l’accord de cessez-le-feu signé le 23 octobre dernier. Et il a encore appelé au respect de l’embargo sur les armes… que l’Union européenne s’est attachée à faire respecter en lançant l’opération navale EUNAVFOR Irini.

Lancée le 31 mars 2020 et ayant connu des débuts difficiles, avec des navires européens tardant à se déployer, cette dernière aura cependant permis de réaliser 2.300 contrôles en mer et d’adresser 22 rapports sur des violations au comité des sanction des Nations unies.

Justement, le groupe d’experts de ce dernier a récemment publié son rapport annuel, dans lequel il a estimé que cet « embargo sur les armes est d’une inefficacité totale. » Et d’ajouter : « Les violations commises
par les États Membres qui appuient directement les parties au conflit sont généralisées et flagrantes et témoignent d’un mépris total à l’égard des mesures de sanctions. Le fait qu’ils contrôlent l’intégralité de la filière d’approvisionnement complique la
détection, la désorganisation et l’interdiction de ces activités. »

Quoi qu’il en soit, et malgré cette « inefficacité totale » de l’embargo, l’Union européenne va prolonger l’opération Irini de deux ans de plus. C’est à dire que son mandat arrivera à terme le 31 mars 2023. Cette décision, qui doit encore être confirmée lors de la prochaine réunion des 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE, vise à « aider le processus de paix engagé en Libye », ont expliqué deux responsables, selon l’AFP.

Pour rappel, l’UE a prévenu qu’elle prendrait des sanctions contre toute violation de l’accord libyen de cessez-le-feu par des « fauteurs de troubles. » En outre, elle aura à se prononcer sur la Turquie les 25 et 26 mars, lors d’un sommet à Bruxelles.

Par ailleurs, le 15 mars, l’état-major de l’opération Irini et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime [ONUDC] ont signé un accord de partenariat.

Ainsi, il est question d’échanges d’informations, d’un soutien mutuel afin « d’identifier et d’analyser les activités criminelles liées au trafic d’armes, à l’exportation illicite du pétrole libyen ainsi qu’au trafic d’êtres humains. » Ce partenariat prévoit également une « contribution au développement des capacités et à la formation de la marine et des garde-côtes libyens aux tâches de contrôle des frontières et d’application de la loi en mer. »

« La coopération entre nos organisations est vitale et constitue un instrument extrêmement précieux à la disposition de la communauté internationale […] dans ses efforts pour soutenir le processus de paix libyen, lancé à Berlin en janvier de l’année dernière », a commenté l’amiral Fabio Agostini, le commandant de l’opération Irini.

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