Thales va renforcer les capacités françaises de lutte anti-sous-marine avec les bouées acoustisques SonoFlash

En 2018, il était question de doter la France d’une filière souveraine de bouées acoustiques, lesquelles sont incontournables pour la lutte anti-sous-marine et la surveillance des approches maritimes. Chaque année, les aéronefs spécialisés de l’aéronautique navale en consomment, au total, entre 4.500 et 7.000 exemplaires par an. Et, notamment depuis l’acquisition des modèles « Jezebel », dans les années 1950, les approvisionnements de la Marine nationale dépendent des États-Unis.

Il existe deux types principaux de bouées acoustiques : celles dites actives qui, une fois mises à l’eau, émettent une impulsion sonore et qui transmettent les informations via un émetteur UHF/VHF resté en surface, et celles dites passives, qui captent les signaux acoustiques avant de les transmettre à l’aéronef qui les a larguées.

Lors de l’édition 2018 du salon Euronaval, Thales dévoilé « SonoFlash », un nouveau modèle de bouée acoustique « haute performance » fonctionnant en mode passif et actif. L’un de ses points forts était qu’elle devait être interopérable avec le sonar trempé Flash et les sonars remorqués de la famille Captas [qui équipe les frégates multimissions, ndlr]. C’est un « outil stratégique qui vient compléter avec pertinence les dispositifs de lutte anti sous-marine actuellement déployé », avait insisté l’industriel, à l’époque.

Il aura fallu attendre un peu plus de deux ans pour que la France se décide à se doter d’une filière industrielle dans ce domaine. En effet, ce 18 mars, la ministre des Armées, Florence Parly, était attendue dans les locaux de la PME TELERAD, à Anglet [Pyrénées-Atlantiques] pour annoncer la notification d’un contrat de développement concernant les bouées acoustiques SonoFlash, pour un montant de « quelques millions d’euros ».

Finalement, la visite de la ministre a été annulée au dernier moment [pour des raisons d’agenda, a précisé son entourage]. Cependant, Thales a annoncé que la Direction générale de l’armement [DGA] venait de lui attribuer un « marché de développement, de qualification et de production de la bouée acoustique aérolargable SonoFlash. »

« Produite en France et reposant sur un réseau de sous-traitance impliquant des PME et ETI comme TELERAD, SelhaGroup ou Realmeca, la bouée SonoFlash contribue à la concrétisation de la volonté française d’indépendance industrielle stratégique, en s’appuyant sur l’expertise de Thales dans la technologie des senseurs acoustiques », a souligné l’industriel dans son communiqué.

Et d’insister : « Cette bouée marque la concrétisation d’une ambition stratégique et capacitaire portée par la France dans le domaine des capteurs acoustiques. »

La Marine nationale devra toutefois patienter un peu avant de mettre en oeuvre les bouées SonoFlash : les premiers exemplaires ne lui seront pas livrés avant 2025. Mais les performances annoncées pour ce nouveau matériel valent sans doute le coup d’attendre…

« Les bouées sont aujourd’hui soit passives, soit actives, or la bouée SonoFlash associe le meilleur des deux : un émetteur basse fréquence optimal, puissant, et un récepteur passif doté d’un fort gain de directivité. La combinaison de ces deux capacités associées à une endurance importante permet une grande polyvalence d’emploi de la bouée SonoFlash », explique Thales.

Compatibles avec les autres sonars développés par l’industriel, les bouées SonoFlash offriront une plus grande flexibilité dans les choix tactiques « utilisant le multi-statisme dont l’intérêt opérationnel s’avère prometteur ».

Ainsi, par exemple, associées au sonar trempé FLASH d’un hélicoptère NH-90 NFH « Caïman », elles permettront de rechercher un éventuel sous-marin dans un rayon plus important, tout en offrant plus de réactivité face aux manoeuvres évasives de ce dernier.

« Grâce à son signal numérisé et à la portée optimisée de ses communications, les données issues de la bouée acoustique sont exploitables depuis tout aéronef, piloté ou non, navire ou centre à terre équipé d’un système de traitement de données des bouées acoustiques », explique encore Thales.

« Dans la taille d’un tube de 12,3 cm de diamètre et 91,4 cm de longueur, Thales a concentré dix années d’innovation matérielle et digitale pour décupler le rayon d’action d’une force navale en lutte anti-sous-marine, surclasser toutes les bouées acoustiques existantes sur le marché et offrir aux marines un nouveau sonar polyvalent et facile d’emploi pour le pistage de sous-marins depuis n’importe quel aéronef, piloté ou non, frégate ou drone de surface », a résumé Alexis Morel, responsable des systèmes sous-marins chez Thales.

Photo : Bouée acoustique SonoFlash © Thales

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