La Turquie accuse des F-16 grecs d’avoir « harcelé » son navire de recherche TCG Çeşme

La semaine passée, la Turquie a diffusé une notice maritime [NAVTEX] pour prévenir que le hydrographique TCG Çeşme allait conduire une mission de recherche dans les environs des îles grecques Lemnos, de Skyros et d’Agios Efstrátios, c’est à dire vers le 25e méridien, qui, selon Ankara, doit être la ligne de partage de la mer Égée avec Athènes.

Comme l’a ensuite souligné le quotidien grec Proto Thema, une telle manoeuvre est une façon pour les autorités turques de réaffirmer qu’elles « ne reconnaissent pas le droit de la Grèce à une zone côtière de 12 milles autour des îles, comme prévoit la Convention sur le droit de la mer », que la Turquie n’a d’ailleurs pas signé.

Pourtant, trois semaines plus tôt, des représentants grecs et turcs s’étaient retrouvés à Istanbul pour des « contacts exploratoires » afin de tenter de trouver par le dialogue une solution aux conflits territoriaux qui minent les relations entre les deux pays. Et notamment après les tensions des mois précédents, causées par la présence de navires de recherche turcs dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre afin d’y prospecter des gisements gaziers.

Jusqu’à présent, la Turquie avait eu recours à des navires de recherche civils pour conduire ses campagnes de prospection en Méditerranée orientale. Ce qui n’est pas le cas avec le TCG Çeşme, qui appartient à la marine militaire turque. Ce bâtiment, qui servit autrefois sous pavillon américain [il s’agit de l’ex-Silas Bent], n’est pas armé. Il est mis en oeuvre par une quarantaine de marins et peut accueillir autant de scientifiques à son bord.

Au moment de la diffusion du Navtex annonçant sa mission, le porte-parole du gouvernement grec, Christos Tarantilis, avait parlé d’une « décision inutile », ne contribuant « pas à une atttitude positive. » Puis les choses en étaient restées là, jusqu’à ce 23 février.

En effet, le ministère turc de la Défense a accusé la Grèce d’avoir « harcelé » le TCG Çeşme dans les « eaux internationales de la mer Égée » avec quatre chasseurs-bombardiers F-16. Ces appareils, affirme-t-il, ont volé « à 1.000 mètres d’altitude » et largué des leurres [des paillettes] « à deux milles » du navire de recherche. Et de préciser que les faits s’étaient produits près de l’île grecque de Lemnos.

« Il s’agit malheureusement de l’un des fréquents actes de harcèlement par nos voisins grecs », a ensuite commenté Hulusi Akar, le ministre turc de la Défense Hulusi. Et d’ajouter qu’une « risposte adéquate » a été apportée à l’action des F-16 grecs. Cela étant, aucune vidéo de l’incident n’a été pour le moment diffusée par Ankara.

Reque que Athènes a catégoriquement démenti les allégations turques. « Aucun avion de chasse grec ne s’est approché du navire turc Cesme », a rétorqué le ministère grec de la Défense, précisé que si ses forces aériennes menaient effectivement un exercice, ce dernier a lieu « loin » de la zone où navigue le TCG Çeşme.

Par ailleurs, la Turquie a diffusé un autre Navtex, le 22 février, pour avertir que ses forces navales participer à l’exercice « Mavi Vatan » entre le 25 février et le 7 mars, en Méditerranée orientale.

Le nom de ces manoeuvres ne doit évidemment rien au hasard puisqu’il fait référence au concept de « Patrie bleue« , qui vise à étendre le domaine maritime turc. Lors de l’édition 2019 de cet exercice, la marine turque avait rassemblé 103 navires sur les trois mers bordant la Turquie [mer Noire, mer Égée et Méditerranée] pendant quatre jours.

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