Grèce : Les contrats « Rafale » signés, Paris revient à la charge pour vendre des frégates Belh@rra à Athènes

Ce 25 janvier, et alors qu’elle vient de reprendre des discussions pour tenter de trouver une solution aux différents territoriaux qui l’opposent à la Turquie en Méditerranée orientale, la Grèce a officiellement signé les trois contrats relatifs à l’acquisition de 18 avions Rafale F3R auprès de la France.

Dans le détail, trois contrats ont été signés, pour une valeur totale de 2,35 milliards d’euros. Le premier concerne évidemment les 18 Rafale, dont 12 d’occasion, prélevés sur la flotte de l’armée de l’Air et de l’Espace [et facturés 400 millions d’euros]. Le second porte que le la formation et le soutien initial des appareils. Quant au dernier, il concerne l’achat de missiles air-air METEOR [longue portée] et MICA ainsi que des missiles SCALP [croisière] et AM39 Exocet [antinavires].

Pour rappel, grâce à son radar RBE2 AESA [à antenne active] et au missile METEOR, le Rafale F3R est en mesure d’engager des cibles évoluant à une centaine de kilomètres de distance [capacité BVR – Beyond Visual Range, ndlr]. Il dispose d’une Liaison 16 et d’un système de guerre électronique SPECTRA améliorés.

Aussi, le site spécialisé grec DefenceReview a salué une « journée historique » pour la force aérienne grecque, qui, avec ce contrat, va se doter d’un « avion poyvalent éprouvé, avec des capacités opérationnelle sans précédent qu’elle n’a jamais possédées jusqu’à aujourd’hui. »

« Je veux vous dire ma joie et ma fierté de me tenir ici avec mon homologue Nikos Panagiotopoulos, pour assister à la signature de ce contrat pour l’acquisition par la Grèce de 18 avions Rafale. La Grèce devient ainsi le premier pays européen à acquérir cet avion de combat, se dotant de capacités et de moyens technologiques à l’excellence unanimement reconnue et à l’efficacité sans cesse démontrée en opérations. Je suis très heureuse de ce choix fait par la
Grèce, de ce choix résolument européen », a déclaré Florence Parly, la ministre française des Armées.

Mais il est question d’aller plus loin dans cette coopération militaire entre la France et la Grèce, notamment dans le domaine maritime. En octobre 2019, Athènes avait signé une lettre d’intention pour l’achat de deux frégates de défense et d’intervention [FDI] « Belh@rra » auprès du français Naval Group. Seulement, le souci était que la marine grecque souhaitait disposer d’une capacité de frappe contre la terre [avec des missiles de croisière, ndlr], ce n’était alors prévu pour ce nouveau type de navire, même si des adaptations pouvaient être envisagées.

Puis, l’américain Lockheed-Martin s’invita dans le dossier en proposant à la Grèce, et à un tarif défiant toute concurrence, quatre frégates de type MMSC [multi-mission surface combatants], dérivées de la classe Freedom développée pour les besoins du programme « Littoral Combat Ship » [LCS] de l’US Navy.

Une telle offre ne pouvait qu’avoir l’oreille des responsables grecs… Et il fut rapporté que l’option des « Belh@rra » avait du plomb dans l’aile… Début novembre, le quotidien I Kathimeriní confirma qu’Athènes s’orientait vers un un accord intergouvernemental pour se procurer quatre MMSC, avec, en prime, la perspective d’une participation de l’industrie grecque au pragramme américain FFG[X], consistant à construire dix frégates de type Constellation, basées sur le design des FREMM italiennes.

Cependant, cette perspective a depuis prêté le flanc à des critiques étant donné que, aux États-Unis, les LCS de la classe Freedom accumulent les déconvenues, au point que l’US Navy a décidé, il y a quelques jours, de suspendre leur livraison tant que leurs problèmes mécaniques ne seront pas totalement réglés. En outre, d’un point de vue capacitaire, les MMSC ne correspondent pas exactement aux besoins exprimés par la marine grecque.

Pendant que l’on s’interrogeait à Athènes, l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], confirmait avoir l’intention d’armer les FDI de missiles de croisière navals [MdCN], en plus de leurs 8 missiles anti-surface Exocet MM40B3C, leurs 16 missiles antiaériens Aster 15/30, leurs torpilles MU 90, leur tourelle de 76mm et leurs canons de 20mm télé-opérés.

Aussi, les difficultés de Lockheed-Martin avec les LCS de type Freedom et l’évolution attendue de l’armement des FDI/Belh@rra ont de nouveau changé la donne, comme en témoigne la déclaration faite en décembre par M. Panagiotopoulos. « Nous n’avons pas tourné le dos à la France. La question est ouverte et notre marine cherche la meilleure solution […] afin que nous ayons de meilleurs navires, des moyens de dissuasion prêts . C’est la base et nous sommes ouverts aux Français et aux autres », avait-il dit aux députés. D’où, sans doute, les propos tenus par Mme Parly, lors de la signature des contrats Rafale.

« L’espoir que je formulerai donc aujourd’hui c’est de voir se poursuivre cette relation de confiance entre la France et la Grèce. L’excellence de cette relation stratégique et opérationnelle pourra peut-être, en tout cas je l’espère, trouver également dans le domaine maritime une traduction capacitaire. La France transmettra donc prochainement à la Grèce des propositions pour renouveler son parc de frégates et contribuer à perpétuer son statut de puissance maritime », en effet déclaré la ministre française.

D’après I Kathimeriní, Paris envisagerait de proposer à Athènes des « solutions intermédiaires répondant aux besoins à court terme » de la marine grecque. Des solutions « probalement » basée sur des frégates de type La Fayette. Reste à savoir lesquelles… étant donné que trois d’entre-elles [sur les cinq que compte la marine française] doivent être modifiées pour disposer de capacités anti-sous-marines, ce qui permettra d’attendre l’entrée en service des FDI. « Le retour des Français dans le dossier des frégates marque également un changement du cadre des discussions avec Washington sur cette question », estime le journal.

Affichant un déplacement de 4.500 tonnes pour une longueur de 122 mètres et une largeur de 18 mètres, le frégate Belh@rra est conçue pour le combat en réseau, grâce à la panoplie de capteurs qu’elle embarquera, dont un sonar de coque et le radar Sea Fire 500 à quatre antennes planes fixes entièrement numérique.

 

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