Un avion de transport A400M va bientôt tester la capacité de larguer des « effecteurs connectés » en vol

Avec le Système de combat aérien du futur [SCAF] comme avec les autres programmes en cours du même genre, il faudra s’habituer à un nouveau vocabulaire : on parle en effet de « cloud de combat », de « Man Machine Teaming » [interface homme-machine], de « Loyal Wingman » ou encore de « Remote Carriers », encore appelé, en français « effecteurs déportés » ou « connectés. »

Pour rappel, le SCAF est un « système de systèmes » centré sur un avion de combat de 6e génération, appelé pour le moment « New Generation Fighter ». Conduit par la France, avec l’Allemagne et l’Espagne pour partenaires, il implique plusieurs entreprises de premier plan, comme Dassault Aviation, Airbus Defence & Space, Indra, MBDA, Safran, Thales, etc.

Quant aux effecteur connectés, il s’agit d’aéronefs non habités pouvant avoir une capacité autonome [intelligence artificielle]. D’une masse allant du kilogramme à la tonne, ces engins sont susceptibles d’être utilisés pour leurrer une défense adverse, voire de la saturer si on les fait voler en essaim. Il est aussi question qu’ils aient des capacités de renseignement, voire de frappe contre des objectifs situés dans environnement contestés. Ce qui fait que, en fonction des profils de mission, ils seront considérés comme consommables, comme munitions, ou récupérables.

Pour que ces effecteurs connectés puissent évoluer en évoluer, encore faut-il être en mesure de les lancer vers la zone où ils auront à produire leurs effets. Pour cela, et comme un avion de combat ne pourra en emporter qu’un nombre limité, l’une des pistes étudiées est de les mettre en oeuvre depuis un avion de transport, comme l’A400M « Atlas ». Une telle option permettrait en outre d’augmenter leur portée.

D’où le projet mené en temps record par Airbus Defence & Space, avec le concours des entreprises allemandes Geradts GmbH et SFL GmbH, ainsi que celui du Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique [Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt, DLR].

Le 9 décembre dernier, Airbus avait annoncé que la phase pilote de l’initiative I4FCAS [« Innovations for FCAS » ou « Innovations pour le SCAF] venait de se conclure.

« En mettant en œuvre des acteurs jeunes et innovants, dont certains n’ont jamais été en contact avec le secteur de la défense, nous nous assurons de tirer parti de toutes les compétences disponibles pour un programme révolutionnaire tel que SCAF », avait expliqué Dirk Hoke, le Pdg d’Airbus Defence & Space, à cette occasion.

Et d’insister, sans doute à l’intention des parlementaires allemands : « Cela favorisera également les retombées technologiques entre les mondes militaire et civil. Notre ambition est de poursuivre cette initiative en 2021 et au-delà, et d’en faire une pierre angulaire de notre stratégie d’innovation pour le SCAF. »

Sur les 14 projets innovants lancés durant cette phase pilote, Airbus Defence & Space avait cité un « démonstrateur de cloud de combat sécurisé », développé par Kernkonzept GmbH et Airbus CyberSecurity, un programme d’intelligence artificielle appliquée à l’analyse des fréquences radio conduit par Hellsicht GmbH et donc ce projet visant à donner à l’A400M la capacité de lancer des effecteurs connectés.

« Une approche de conception et de développement agile a permis un prototypage rapide et une préparation au vol en seulement 6 mois », avait souligné Airbus.

Justement, le premier vol d’essai ne devrait pas tarder à avoir lieu, les autorisations nécessaires ayant été accordées, si l’on en croit les explications données dans une vidéo publiée par l’industriel le 14 janvier.

Sur les images diffusées, l’effecteur connecté, fixé sur une rampe, sort à reculons par la rampe arrière de l’A400M. Puis, une fois sorti, il se stabilise avant de plonger vers le sol, puis de redresser et de prendre le cap qu’on lui aura programmé.

Dans le même ordre d’idée, le Pentagone conduit le projet « Gremlins ». Le concept vise à utiliser un avion de transport C-130 Hecules comme « porte-drones aérien », c’est à dire qu’il doit avoir la capaciité de larguer un drone X-61 fixé sous son aile l’engin puis de le récupérer avec un système de perche.

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