Lockheed-Martin aidera au développement de l’avion de combat japonais de 6e génération F-X

Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le constructeur japonais Mitsubishi Heavy Industries a produit deux avions de combat : le F-1, inspiré de l’avion d’entraînement T-2, doté de deux réacteurs Rolls-Royce Turbomeca Adour assemblés sous licence au Japon sous le nom d’Ishikawajima-Harima TF40-IHI-801A7, et le F-2, largement inspiré du F-16 américain.

À la fin des années 2000, le gouvernement japonais lança un nouveau projet d’avion de combat, appelé « ATD-X Shinshin » [puis Mitsubishi X2]. Ce dernier aboutit à un démonstrateur technologique, lequel a effectua son vol inaugural en 2016. Plusieurs technologies furent testées durant ce programme, dont la poussée vectorielle tridimensionnelle, l’usage de la fibre optique pour les commandes de vol électriques, un radar à antenne active [AESA] et une fonction d’auto-réparation des contrôles de vol permettant de détecter automatiquement les dégâts sur les gouvernes et donc d’ajuster ce qu’il reste de ces dernières pour assurer un vol stable.

Après une trentaine de vol ayant permis de collecter de nombreuses données, le programme ATD-X fut arrêté. Et pour cause : sa vocation était de préparer un projet plus ambitieux devant : le F-X [aussi appelé F-3], un avion de combat de 6e génération devant remplacer le F-2 à l’horizon 2035. Pour cela, le ministère nippon de la Défense s’est mis en quête d’éventuels partenaires étrangers, en particulier aux États-Unis [avec notamment Lockheed-Martin et/ou Boeing] et au Royaume-Uni, où BAE Systems développe le Tempest.

« Nous aimerions déterminer un cadre préliminaire concernant les partenaires d’ici décembre prochain, lorsque nous élaborerons le prochain budget pour l’exercice financer 2021 », avait confirmé un responsable japonais en mars dernier. Déjà à l’époque, et selon la presse nippone, les jeux étaient déjà faits. Mais rien n’était encore officiel. Ce qui est désormais le cas.

En effet, la semaine passé, des responsables gouvernementaux japonais ont confirmé que Lockheed-Martin fournirait une « assistance technique » à Mitsubishi, principalement pour la conception de la cellule, l’intégration des systèmes de radar et les technologies liées à la furtivité. Un domaine où l’industriel américain ne manque pas d’arguments avec le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II.

D’ailleurs, explique le journal Nikkeï, c’est l’un des éléments ayant fait la différence par rapport à Boeing et BAE Systems. Un autre est que, justement, le F-3 devra être en mesure de partager des données tactiques avec le F-35 et le F-22, ce qui favorisa l’interopérabilité entre les forces aériennes japonaises et américaines.

Sur ce point, Lockheed-Martin travaille étroitement avec Northrop Grumman, qui fournit la liaison MADL [Multifunction Advanced Data Link] et développe une solution – appelée « gatewaONE » – pour que les F-35 et les F-22 puissent communiquer entre eux, ce qui n’était alors pas le cas. Aussi, explique Nikkeï, « faire équipe avec Lockheed permettra ainsi à Mitsubishi Heavy de bénéficier plus facilement de l’assistance technique de Northrop. » En outre, Tokyo espère que cette aide accélerera le développement du F-3.

Dans le détail, la mise au point de cet avion de combat nippon fera appel à Ishikawajima-Harima Heavy Industries [IHI] pour les moteurs, probablement des turboréacteurs à double flux XF9-1 capables de produire une poussée de 12 tonnes [16,5 tonnes avec la post-combustion]. Le groupe Subaru fournira les systèmes d’atterrissage tandis que Fujitsu et Toshiba se pencheront sur les radars. Enfin, la suite de guerre électronique relèvera de Mitsubishi Electric.

Par ailleurs, cet appareil devra être en mesure de contrôler au moins trois effecteurs [ou des appareils de type « loyal wingman »]. Enfin, il est question de le doter d’une arme à micro-ondes.

Au total, le ministère japonais de la Défense entend se procurer 90 exemplaires de ce F-3, pour un coût global de 5 trillions de yens [près de 40 milliards d’euros].

Le calendrier sera serré : la construction du prototype est prévue en 2024, avec un vol inaugural espéré dans les quatre ans suivants, avec l’objectif de lancer la production en série 2031 et de prononcer la mise en service opérationnelle en 2035.

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