La frégate Bretagne a tiré avec succès un missile de croisière naval

Il fallait tendre l’oreille quand le président Macron a échangé quelques mots avec les chefs d’état-major des trois armées à l’issue de la cérémonie militaire organisée, en petit comité, sous l’Arc de Triomphe pour commémorer le 102e anniversaire de l’armistice du 11 novembre. Et quelques informations intéressantes sont ainsi livrées, notamment au sujet des activités de la Marine nationale.

En effet, le chef d’état-major de cette dernière [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a informé M. Macron que la frégate multimissions [FREMM] Bretagne venait de réaliser, avec succès, un tir de missile de croisière naval [MdCN], trois semaines après que le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren a effectué la même opération au large de Biscarrosse, où est installé le centre « Essais de Missile » de la Direction générale de l’armement [DGA].

« Nous avons tiré hier [10 novembre] un missile de croisière naval [avec] la frégate Bretagne au large de Biscarrosse, avec succès. Ce qui vient solder les épisodes un peu plus compliqués qu’on a connus lors d’une précédente opération », a en effet dit l’amiral Vandier au président Macron.

L’opération à laquelle le CEMM a fait référence est celle conduite en avril 2018 avec les forces britanniques et américaines contre le programme chimique syrien, quelques jours après une attaque au chlore à Douma [Goutha Orientale]. Côté français, les FREMM « Aquitaine », « Auvergne » et « Languedoc » avaient été notamment engagées dans cette action. Les deux premières devaient tirer chacune trois MdCN, la troisième se tenant en réserve.

Seulement, les choses ne se passèrent pas exactement comme elles avaient été initialement prévues. Ainsi, les FREMM « Aquitaine » et « Auvergne » ne furent pas en mesure de lancer leurs missiles, obligeant ainsi la FREMM Languedoc à tirer les siens. Ce « couac » donna ensuite matière à beaucoup de spéculations… au point que la ministre des Armées, Florence Parly, dénonça des « fuites malveillantes » car « nuisant à nos armées et à nos industries. »

Le retour d’expérience [RETEX] de cette opération, appelée Hamilton, fit l’objet d’un commentaire dans un rapport pour avis rendu par le député Jacques Marilossian en novembre 2018. Plusieurs conclusions avaient été alors retenues : les dispositifs matériels de mise en œuvre des MDCN pouvaient être améliorés, l’entraînement au tir de munitions dites « complexes » lors des phases de préparation opérationnelle devait être une priorité et il fallait engager une réflexion sur l’emploi tactique de telles armes face aux capacités d’interdiction et de déni d’accès [A2/AD].

Sur le plan technique, le succès d’un tir de MdCN par la FREMM Bretagne est donc de nature à « solder » les mésaventures passées, comme l’a souligné l’amiral Vandier. Quant à l’entraînement des marins, les choses sont un peu plus compliquées étant donné que la Marine nationale manque de munitions « complexes ».

« Concernant les stocks de munitions, ils ne permettent pas de préparer les équipages à un engagement majeur. Par exemple, le manque de missiles d’ASTER ne permet pas d’honorer les dotations et de réaliser les tirs d’entraînements conformément à l’ambition MERCATOR [le plan stratégique de la Marine, ndlr]. De même, il n’y a pas suffisamment de missiles pour réaliser des tirs d’entraînements MdCN ou MM40 », a ainsi souligné le député Didier Le Gac, rapporteur pour avis sur les crédits de la Marine pour 2021.

Cette situation n’est pas nouvelle. Le prédécesseur de l’actuel CEMM, l’amiral Prazück, l’avait déplorée à plusieurs reprises devant les parlementaires. Et, en mai dernier, il avait espéré que le plan de relance que le gouvernement préparait alors pour remédier aux effets économiques de l’épidémie de covid-19 allait permettre de compléter les stocks de munitions complexes, les MdCN, les torpilles F-21, les missiles Aster 15 et 30 ainsi que les missiles Exocet étant produits en France.

Photo : FREMM Bretagne © Cols Bleus / Marine nationale

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